Une femme, une bière, une gifle ✘ Bertie

Une femme, une bière, une gifle

Joan A. Rosebury & Bartley Connacht

Joan était en train de grignoter des chips tout en regardant une émission débile de tv réalité. Par moment un bruit, ou plutôt un grognement, sortait de sa bouche pour insulter les stars du programme. Encore une fois son frère n’était pas à la maison, tant mieux car il l’aurait tué en voyant les miettes qu’elle faisait. Alors qu’elle allait allumé un pétard, son téléphone se mit à sonner, signe que quelqu’un osait la déranger, l’idée de voir du monde ne l’enchantait pas des masses, elle n’était pas peigné, elle portait une combinaison pyjama en forme de koala et elle puait carrément le sexe après sa journée de travail à filmer des coïts en gros plan. Elle fit tout de même l’effort, avec la délicatesse d’un phoque échoué, de se tourner pour choper le précieux sésame, une photo de Jenny apparaissait à l’écran, elle se demandait bien ce qu’elle lui voulait, elle eu d’abord peur qu’une catastrophe soit arrivée. Elle décrocha le téléphone « Bah alors meuf, t’es où? Ne me dis pas que tu as oublié que je fêtais mes fiançailles avant l’arrivé du bébé? » Fiançailles? Merde! C’était aujourd’hui que son amie et ancienne coloc avait décidé de faire sa petite soirée. Elle ne la voyait plus beaucoup depuis que cette dernière était enceinte et qu’elle vivait avec son compagnon, mais en tant que futur demoiselle d’honneur, elle se devait d’être présente. « Non pas du tout, j’ai finis le boulot tard. J’arrive. » tenta-t-elle de mentir. « … Pose moi ce joint, mets des fringues et magne toi! A toute ma belle! » Jenny ne l’a connaissait que trop bien.

Elle finit par se lever et fila sous la douche. Elle passa ensuite vingt bonne minutes à choisir la tenue parfaite. Il fallait une robe habillé mais pas trop, sexy mais moins que ce que portait Jenny pour ne pas lui voler la vedette et évidemment il fallait une robe de soirée. Après réflexion intense comme si elle devait désarmer une bombe, elle opta pour une robe noire simple avec un jolie décolleté et qui mettait ses courbes en valeur, parfait. L’étape maquillage fut plus rapide, elle se maquillait toujours assez peu, préférant le naturel qu’au superficiel. Un dernier checkup dans le miroir et Joan était prête. Pour une fois, elle décida d’appeler un taxi pour arriver plus rapidement, après tout elle avait déjà une heure de retard.

Quand elle entra dans le bar, Jenny lui sauta tout de suite dessus. Elle l’emmena dans un carré réservé à l’évènement et lui présenta les autres invités. Toute les personnes ici présente étaient en couple, la moitié avait des enfants ou en attendait et le pire fut les remarques qu’elle subit tout du long. S’approchant de la trentaine, Joan eu le droit à un milliard de questions sur sa vie sentimentale, sur le fait que la maternité était un cadeau de Dieu, qu’être une femme seule n’était pas simple et que tout le monde avait besoin d’un homme. En plus d’être particulièrement sexiste, c’était aussi particulièrement hétéro centré. La jeune femme étant bisexuelle a eu plein d’histoire avec des femmes, à aucun moment de sa vie elle avait pensé qu’un homme était indispensable, de plus elle ne voulait pas d’enfant et personne ne semblait prendre sa décision au sérieux. Pour survivre à se traquenard, Joan enchainait les verres jusqu’à être légèrement pompette. C’est dans cet état qu’elle gagna le bar pour se recommander une pinte.

L’endroit était remplie de monde, elle ne connaissait pas l’endroit avant mais il semblait être assez réputé. Elle avait réussit à se glisser jusqu’au comptoir mais le barman était occupé à servir d’autres personnes. Un homme s’approcha d’elle, Joan n’y prêta pas attention jusqu’à ce qu’il l’aborde. « Alors mademoiselle, on est toute seule? Votre prince charmant ne vous a pas accompagné? » Elle décida de l’ignorer en levant les yeux au ciel de désespoir. Ce dernier ne s’arrêta pas pour autant. « Bah, on m’ignore? Arrête! T’as vu ta tenue? Tu es seule dans un bar, habillée comme une poule de luxe et tu veux pas qu’on te parle? » Le sang de Joan ne fit qu’un tour « Je ne suis pas une poule de luxe et je ne suis pas là pour ton plaisir, tu fermes ta gueule et tu m’oublie, compris? » « Bah elle s’énerve la petite? Je suis juste là pour t’offrir un verre ma belle, ceci dit j’adore les femmes qui savent mordre… » Il posa son bras autour des épaules de Joan « Tu es une vraie lionne toi ». Joan lui mit une baffe magistrale « Tu ne me touches pas! » Au lieu de calmer l’homme, ce dernier se mit en colère, passablement ivre il n’était pas en état de raisonner. « Tu vas voir ce que je fais aux petites allumeuses dans ton genre! » L’homme leva la main, signe qu’il allait la frapper. Evidemment personne ne réagissait vraiment, dès qu’un truc se passait personne n’agissait. L’étranger était assez imposant et d’un coup Joan eu peur. Elle ne regrettait pas de s’être défendu, elle regrettait juste de ne pas être plus forte, de ne pas faire peur, de devoir subir ça à chaque fois qu’elle sort, elle avait peur qu’un jour cela finisse vraiment mal. Par réflexe, elle se protégea avec ses bras attendant le coup, mais ce dernier n’arriva jamais.