"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Wherever I go, you're the ghost in the room {Pierre ♥︎} 2979874845 Wherever I go, you're the ghost in the room {Pierre ♥︎} 1973890357
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Wherever I go, you're the ghost in the room {Pierre ♥︎}

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() message posté Sam 28 Jan 2017 - 17:50 par Invité

 
La roue tourne. Il faut savoir encaisser les coups. Il faut faire preuve d'endurance. Faire le dos rond. Laisser passer l'averse. Survivre au déluge. La plupart du temps, le balancier finit par s'inverser. Pas toujours, mais souvent. Pierre & Lilly
 

 
Wherever I go, you're the ghost in the room

 
Certains jours, j’ai l’impression que cette ville n’a rien à m’apporter au point de n’avoir absolument rien à faire. Rester chez mon père alors qu’il passe sa vie à l’hôpital ne me tente pas et ma mère a un peu le même temps libre qu’un premier ministre qui vient tout juste d’avoir son poste. Autrement dit, que très peu de temps. Ce matin-là, alors que j’avais passé la nuit chez cette dernière, je m’étais réveillée dans les alentours de dix heures. Ma mère était dans sa chambre en train de terminer de s’apprêter et les cheveux lâchés, en pyjama, je la rejoignis. Visiblement, elle avait prévu quelque chose, ou plutôt son travail avait prévu quelque chose pour elle. Lorsqu’elle m’expliqua ce qu’elle comptait faire de la journée, je l’enviais presque d’avoir trouvé un moteur dans sa vie. Même la fac ne me donnait pas cette sensation et pourtant, l’architecture est un sujet qui me passionne. Ma mère m’énuméra ce qu’elle avait préparé pour cette réception et même si au fond je ne m’en fichai pas mal de la raison de cet évènement, au moins ça me passerait le temps.

Pour la soirée, le dress code devait être quelque chose de chic et classe. Autrement dit le jeans, baskets était prohibé. Lorsque j’avais proposé mon aide à ma mère, elle m’avait conseillée de prendre de quoi me changer et m’apprêter là-bas, parce que selon elle, il était hors de question de passer par la case « maison » pour y retourner après. Dans mes fringues j’avais cherché une robe qui collerait à l’évènement, et des escarpins à talons qui me fusilleraient certainement les pieds au bout d’une heure, mais qui ne pouvaient pas être remplacés par des ballerines. Ma mère ne cessait de me dire que les talons pour ce genre de tenues faisaient toujours leurs effets et rendaient la démarche beaucoup plus harmonieuse. Ce n’était pas faux. Je pris de quoi me préparer comme du makeup ou de quoi arranger mes cheveux et les fourrai dans un sac. Lorsque je fus prête, j’étais bonne à accompagner ma mère à l’endroit où allait se passer cette soirée.

Sur place, plusieurs personnes se donnaient pour la décoration de la salle, pour la préparation du buffet et autres. C’était grand et spacieux et tout ce petit monde semblait concentré et très au petit soin pour que tout soit parfait. Je déposai mes affaires dans un coin où j’étais presque sûre qu’on ne me les prenne pas et regardai l’endroit. Des tables hautes étaient agencées et décorées et les couleurs étaient sobres. Un dj faisait des essais de son alors que des jeunes d’à peu près mon âge ou plus vieilles se perdaient dans la décoration du buffet qui comprendrait bientôt plein de choses à grignoter. Je suivais ma mère de loin, regardant partout autour de moi. Elle parlait avec un peu tout le monde et moi j’écoutais d’une oreille distraite « Lilly, j’arrive je vais en cuisine m’assurer que tout soit bon pour le timing » et elle m’abandonna au milieu de la salle. Dans un premier temps, je ne voyais pas trop ce que je pouvais faire là, tout le monde savait ce qu’il devait faire. Ma mère allait probablement revoir au détail près les invités et moi je resterais là à ne rien foutre. Finalement, j’attachai mes cheveux d’une queue de cheval et la rejoignis en cuisine. Il n’y avait que des hommes, pratiquement. Ma mère échangea avec le chef cuistot et encore une fois, moi je me contentai de regarder. De temps en temps, je m’écartai pour laisser passer l’un ou l’autre cuisinier et regardai autour de moi. Enfin, la jeune fille que j’étais s’intéressa plus aux personnes présentes qu’à ce qu’ils pouvaient préparer. Mon regard se fixa sur l’un d’eux qui ne m’était pas inconnu. Je me rappelai avoir déjà scruté ce profil, ces traits et qu’en fait, je connaissais ce gars-là. Je l’avais rencontré en France l’une des rares fois où j’y avais accompagné ma mère et j’avais même passé le weekend avec alors qu’elle s’occupait de son travail. C’était un moment spécial, mais un peu le challenge du weekend. Sauf que comme tout, les bonnes choses eurent une fin et j’étais retournée en Espagne. Ma vie a continué, la sienne aussi sans jamais me dire qu’on se retrouverait une fois encore le même weekend dans la même ville. C’était fou, mais cette pensée me fit sourire. En fait, ça me plaisait bien.

« Alors donc je vous laisse Lilly pour le coup de main, mais ne lui donnez pas des trucs trop techniques, j’ai pas envie que ça se termine en fiasco » Le clin d’œil de ma mère à mon égare ne me fit pas rire. En fait pas du tout même. « Quoi ? » demandais-je. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me lâche ici pour aider. « Tu vas aider un peu ici le temps que l’équipe soit complète, Lilly » En fait, ça ne me disait absolument rien, je ne savais même pas cuisiner. Ce à quoi le chef qui avait apparemment entendu ma pensée me dit « Alors ma jolie, t’as qu’à aller aider Pierre à nettoyer les fruits là-bas. Après il te dira quoi faire ». En fait, peut-être que finalement j’étais d’accord d’aider. Je m'exécutai et rejoignis le pâtissier et avec un sourire j'entamai la conversation  « Ca c'est un coup de poker à la vie, profites en parce que ça n'arrivera pas une troisième fois ».

 
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() message posté Sam 28 Jan 2017 - 21:28 par Invité
Wherever I go, you are the gost in the room
Pierly
Oh, her eyes, her eyes make the stars look like they're not shining
Her hair, her hair falls perfectly without her trying
She's so beautiful
And I tell her everyday.


En ce moment le travail ne manque pas. Beaucoup de gens parle de crise mais depuis que je suis partie de Suisse je n’ai jamais manqué de travail. Au contraire partout où j’ai put vivre j’ai trouvé de quoi payer mon loyer et avoir au moins deux repas chauds par jour. Cependant je dois l’avouer ce n’était jamais des jobs qui me permettaient de me réaliser en tant que personne, juste d’avoir de l’argent. A un moment pourtant il faut se rendre à l’évidence, et accepter ce qu’on a sous la main avant de trouver un jour meilleur. C’est ce qu’il s’est passé pour moi, donc il faut continuer à y croire. Moi qui ne suis pas la personne la plus patiente du monde, j’ai réussi à prendre mon mal en patience et à arriver où j’en suis aujourd’hui. Alors non je ne suis pas avocat, je suis pâtissier, mais j’aime la vie que j’ai aujourd’hui. Et en plus mon patron me permet de me faire un peu plus de sous en participant à des évènements en son nom. Je bénéficie donc de sa renommé mais tout le reste est fait par moi que ça soit les pâtisseries ou le service. Fair play il ne garde qu’un pourcentage infime de ce que je peux toucher, et le reste est pour moi, du coup ça constitue une grosse part de mes économies.

Ce soir d’ailleurs un de ses événements est prévu. Je ne sais pas exactement de quoi il en retourne. Tout ce dont j’ai eut vent c’est ce que j’ai eu à préparer. Il m’a fallu l’aide de l’apprenti, et aussi beaucoup d’heures supplémentaires pour venir à bout de la commande entière mais j’ai réussis à finir toutes les préparations à faire avant dans les temps. Les dressages seront à faire sur place, ainsi que le découpage des fruits frais pour qu’ils ne noircissent pas. C’est pour ça qu’il faut que j’y sois bien en avance, de toute façon la personne gérant l'événement nous a demandé à tous de venir très en avance. J’ai donc tout prévu avant, bien entendu les gâtes, et ustensiles, mais surtout les vêtements que je devrais porter. Comme je fais le service je suis obligé de porter la tenue associée à mon métier : tout en noir (chemise, pantalon, chaussure et tablier), ainsi que la toque noire. Je préfère encore ça que d’avoir à porter une cravate, mais ce n’est pas ce qui est attendu de moi ce soir. J’ai rapidement appris dans mes différents jobs en tant que serveur, ou dans des hôtels que le propre du petit personnel était de passer inaperçu, je pense que même si la tenue que je porterais ce soir sera classe elle fera ce qu’on attend d’elle.

En attendant de m’habiller pour ce soir je dois finir les préparations. Il y a pas mal de personnes, surtout des cuisiniers en fait, j’en connais quelques uns car finalement ce monde là est plutôt restreint. Surtout au niveau des jeunes, parce que c’est toujours nous qui sommes envoyés pour jouer les commis dans les grandes réceptions.
La personne qui gère cette réception -impossible de retenir son nom bien qu’on me l’ait dit plusieurs fois- fait irruption dans la pièce au bout d’un moment. J’ai complètement perdu la notion du temps depuis que je suis arrivé ici. Elle nous donne les consignes pour ce soir, sur notre comportement, la façon dont on doit se conduire. Je crois avoir compris que ce soir doit être parfait.
Je finis par retourner à mes fruits, alors qu’elle continue à parler, l’écoutant d’une oreille. Ils nous disent toujours là même chose finalement, rien de nouveau sous le soleil.
Elle finit par interrompre le flot de paroles, et moi je replonge complètement dans mes pensées. Avant d’être interrompue quelques instants plus tard par une voix de femme.
« -Ca c'est un coup de poker à la vie, profites en parce que ça n'arrivera pas une troisième fois. »
Automatiquement je relève la tête. Mes yeux croisent le regard d’une fille que je pensais ne plus jamais revoir. A bien y penser c’est plus qu’un coup de poker. Je m’attendais sans doute à voir n’importe qui plutôt qu’elle, non pas que sa vue ne me gêne.
« -Lilly ? »
Je pense que mon air ébahi témoigne assez bien de mon étonnement.
« -Mais qu’est que tu fais là ? »
Si j’avais été moins dans ma tête j’aurais su que c’était la fille de ma patronne pour la soirée, mais je n’ai pas écouté. Du fait j’abandonne sur le plan de travail mes ustensiles et pour m’approcher de la jeune fille. Je la prends dans mes bras en faisant attention à ce que mes mains ne viennent pas tâcher ses vêtements.
Je ne sais pas ce qui m’a pris, peut être la surprise, ou encore de voir un visage connu ce qui est assez rare depuis que je suis arrivé ici.
« -Tu n’étais pas en Espagne ?»
Enfin c’était le cas il y a trois ans, c’est fort probable que depuis elle ait déménagé, mais la coïncidence me paraît tellement insensée. Les autres semblent d’ailleurs assez étonné de me voir famillier avec la nouvelle arrivante.  
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() message posté Sam 28 Jan 2017 - 22:23 par Invité

 
La roue tourne. Il faut savoir encaisser les coups. Il faut faire preuve d'endurance. Faire le dos rond. Laisser passer l'averse. Survivre au déluge. La plupart du temps, le balancier finit par s'inverser. Pas toujours, mais souvent. Pierre & Lilly
 

 
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En mettant les pieds dans cette salle, je ne me disais pas qu’en passant la porte, ma mère deviendrait simplement Callie Dos Santos. Autrement dit une femme d’affaire qui savait gérer ses évènements et les amener là où elle voulait les amener. Moi je connaissais une Calie souriante, jeune dans sa tête, ouverte souriante, avec un caractère presque similaire au mien, mais pas cette femme au cœur de son travail. La voir sérieuse, respectueuse mais professionnelle me faisait bizarre, peut-être au point d’hésiter à l’appeler « Callie » ou encore Madame Dos Santos » et non pas maman comme à mon habitude. En fait, j’avais trouvé mieux comme alternative : je ne l’appelais pas tout simplement. Ce qui était sûr, c’est que son travail était à mes yeux quelque chose de titanesque et au fond, j’étais bien contente d’avoir choisi l’architecture et non pas un de ces métiers comme le sien ou celui de mon père.  Moi j’aimais bien rester posée par moment avec un crayon et une feuille de papier et laisser ma créativité parler. Reproduire ma propre vie en bande dessinée était une façon comme une autre de mettre par écrit ses ressentis, ses souvenirs et ses envies. C’était mon truc à toi et mon monde s’arrêtait là. Je n’y connaissais rien à la publicité, à la communication si ce n’est que mon moyen de communication à moi c’était bien souvent en petant les plombs. On dit souvent qu’une fille ne râle pas, mais s’exprime. Et bien voilà, moi c’est un peu ma façon de communiquer.

En réalité, je me sentais étrangère. Entre ces demoiselles de mon âge appeler ma mère « Callie » et être aussi proche d’elle me fit froncer les sourcils. Un peu jalouse ? Sans doute. Ou peut-être que je voulais être la seule personne importante dans sa vie, à défaut de l’être dans celle de mon père. Ces filles gloussaient, heureuses et fières d’être là alors que moi je me demandais encore pourquoi j’étais pas plutôt restée chez mon père à attendre qu’il rentre. Malgré tout, c’était un monde que je ne connaissais pas et qui piquait ma curiosité. En passant près du DJ, je fis une pause dans mes pas, l’observant concentré sur son ordinateur, sur ses câbles et sur ses baffles. Lorsqu’il m’adressa un sourire, je compris que je n’avais pas à rester là comme une touriste à regarder une bête curieuse dans un zoo.  Alors je continuai mon petit bonhomme de chemin, gardant toujours une distance plus ou moins proche de ma mère. J’essayai de voir ce que je pouvais bien faire pour aider alors que je ne savais même pas en quoi consistait la soirée. Ah si, c’était un truc pour promouvoir une nouvelle entreprise espagnole en Angleterre, quelle idée. La salle était donc décorée aux couleurs de l’Espagne, sans tomber dans le cliché du rouge et orange. Ma mère avait des goûts plus sobres, mais surtout plus classes tel que le noir et le rouge. D’ailleurs, je lui ai toujours dit que c’était deux couleurs qui lui allaient bien. Je suis sûre que mon père le pense aussi.

Lorsqu’elle prit la direction de la cuisine, d’un pas sûr, j’en fis de même, mais avec un peu plus d’hésitation. J’avais l’impression d’être la nana plus ou moins égale au cheveu qu’on laissait tomber dans la soupe. Autrement dit j’étais là, mais je ne servais pas à grand-chose si ce n’est à satisfaire ma curiosité en regardant ce que chacun faisait. Dans la cuisine, ça semblait se remuer beaucoup plus que dans la salle et si ma mère avait la franchise et peut-être même le droit de se balader entre les fourneaux pour donner ses ordres. C’était pas mon cas. Alors je restais dans mon coin, les bras croisés en attendant de voir ce qu’il allait advenir de moi après. J’écoutai à peine ce qu’elle leur disait, ne me sentant pas concernée. Non, moi ce soir j’aurais un rôle bien plus fun : je resterais dans un coin à attendre que quelqu’un vienne me sauver ou mieux, me kidnapper pour aller faire un road trip entre les plateaux remplis de petits fours. De l’aventure quoi !

Lorsqu’elle se rappela que j’étais là, pas loin, elle me présenta au chef qui lui m’envoya directement à la découpe des fruits. S’il savait que je suis aussi habile avec un couteau qu’un serial killer souffrant de parkinson, il changerait d’avis. Au mieux j’arriverai à me couper un doigt, au pire j’arriverais à blesser mon voisin avec ce même couteau. Mais visiblement j’avais pas le choix et au fond, j’étais pas mécontente en voyant le pâtissier que je devais assister. Il y a trois ans, j’avais déjà rencontré Pierre dans un hôtel. Il m’avait déjà sauvée de l’ennuie durant un weekend, et le revoir ici était presque impossible. Pourtant il était bien là, vêtu d’un tablier de cuistot, mais toujours aussi attirant qu’en France. Si ça ne se lisait pas trop sur mon visage, j’étais agréablement surprise de le revoir là « Surprise ! » lui répondis-je à son étonnement. En fait, c’était une surprise pour moi aussi que je traduisais par ce sourire qui ne me quittait pas « Tu veux la vérité ? En fait je t’ai traqué jusqu’ici. Alors, t’as peur ? » Son étreinte me surpris, bien qu’agréablement, que je partageai également. En m’écartant, je décidai de lui dire réellement ce que je faisais là « C’est ma mère, la femme canon qui vient de vous déballer son speech » Je lui désignai l’endroit où ma mère s’était trouvée au moment où elle avait donné ses petits ordres.  « Elle a été obligée d’utiliser la torture pour me faire venir ici, tu sais ! » J’esquissai un sourire généreux, montrant à quel point tout ce que je lui disais là n’était pas sérieux. Je pris ensuite un couteau et une fraise, que je commençai à charcuter. J’avais prévenu que j’étais une vraie bouchère avec un couteau aussi « Je vivais en Espagne avec ma mère oui, puis... » j’hésitai. Je me voyais mal lui dire que mes crises et mes frasques avaient forcés mes parents à prendre la décision de m’envoyer chez mon père, alors j’optais seulement pour le côté boulot de ma mère «... elle a eu une bonne opportunité ici. Et comme en plus mon père vit ici aussi, elle a l’espoir qu’un jour j’arrive à trouver une complicité inexistante avec lui je crois. Et toi ? T’es plus en France ? Ou t’es juste là pour un weekend et je dois m’attendre à te revoir dans trois ans, dans un autre pays d’Europe ?» En voyant le résultat de ma découpe, je grimaçai « Il est franc ton chef de me faire faire ça. Je vais te bousiller tous tes fruits tellement je maitrise les couteaux. Tu préfères pas que je les nettoie et que toi tu les coupes. Sauf si tu veux ma signature dans tes dressages » Une autre idée lumineuse « Ou alors… tu prends trois minutes de ton temps pour me montrer comment manier les couteaux » lui proposais-je non sans un sourire malicieux.



 
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() message posté Sam 28 Jan 2017 - 23:22 par Invité
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J’étais vraiment loin de me douter en acceptant ce job, de la tournure que pourrait prendre les événements. Moi qui suis un travailleur, avec des ambitions tout ce que je voyais dans cette soirée était un moyen de faire un pas en plus vers le but que je me suis fixé. J’aimerais un jour pouvoir ouvrir mon propre salon de thé, sur le thème du chocolat et de toutes ses déclinaisons. Comme il peut y avoir en France en fait, mais il n’y a que peu d’établissement de la sorte à Londres. Je pense que ça serait une bonne idée, hélas les matières premières quand on veut de la qualité ça revient relativement très cher très vite, en plus d’un loyer dans un endroit assez bien placé. Il faut qu’avec tout ça j’arrive à vivre, et j’aurais sans doute besoin d’embaucher quelqu’un. Bref mon rêve ne verra pas le jour demain je le sais, et pourtant j’ai l’impression que chaque heure de travail me rapproche petit à petit de ça. J’ai bon espoir d’arriver à mes fins tôt ou tard… Déjà j’ai la chance de pouvoir faire le métier que j’aime avec beaucoup de liberté, je doute que ça soit le cas de tout le monde… Je n’aurais jamais put faire ça si j’étais resté dans mon petit village suisse. J’aurais été un menuisier toute ma vie, sans ambition, juste en restant là, et en me mariant là. J’aurais eut des enfants sans doute déjà, et ma vie aurait été morne et sans intérêt. Heureusement pour moi je ne serais jamais plus confronté à ça. Maintenant je suis libre de faire ce que je veux, libre de me planter, libre tout simplement. Cette liberté elle a pourtant eut un prix. Je me suis séparé de tout ce que j’avais avant. Je ne suis pas entrain de dire que je regrette mon choix, je crois qu’il n’y en avait pas d’autre. Cependant je sais aussi que je ne reverrais jamais mes parents, je ne pense pas qu’ils veuillent me voir non plus. De toute façon ils font des choses que je ne pourrais jamais cautionner. Jamais.

En fait si j’ai choisi finalement un métier manuel c’est bien parce que la concentration nécessaire m’empêche de penser à autre chose pour que ça soit parfait. Je m’enferme dans mon monde, je ne pense à rien d’autre. Ca me permet de me détendre, d’être moins impulsif, et plus patient. Bon hélas il n’y a que dans ce domaine là que je sois capable de faire des chefs d’oeuvres. Parce que pour le reste je suis souvent qualifié de désastre. Je suis souvent le premier étonné des réalisations que je peux faire, et j’en suis fier même arrière pensées qui pourraient faire gonfler mes chevilles tout de même. Disons juste que j’essaye de faire de mon mieux pour reproduire avec les matières que j’ai, les idées que j’ai dans la tête. J’aime faire des choses simples mais raffinées, et pour ça je suis vraiment reconnaissant à la France. Je doute qu’il y ait un autre endroit dans le monde où j’aurais pu apprendre à faire ça.
Ce soir j’essaie donc de mettre tout mon talent à l’exécution pour faire de mon mieux pour répondre à la demande. Je pense que ça ira, jusqu’ici personne ne m’a vraiment fait de reproche sur mon travail. J’ai appri à bonne école : on recommence tant que ça ne va pas. En fait je ne pensais pas que je trouverais une distraction ce soir, je pensais me pencher que sur mon travail. Encore une fois je me suis trompé. L’erreur est humaine non ?

A vrai dire je pense que Lilly ne pensait pas non plus me trouver là, et comme moi elle ne semble pas mécontente de cette rencontre. Je ne peux m’empêcher de rire à bêtise.
« -Tu fais une mauvaise détective si tu as mis trois ans à me retrouver ! »
Même si je me moque d’elle je ne peux pas couper mon élan qui m’a poussé à la prendre dans mes bras pour la saluer. C’est vrai que sur ce sujet là je n’arrive pas à me résoudre à suivre l’exemple anglais. J’ai besoin d’un minimum de contact avec les gens. Même si je suis introvertie, je suis loin d’être froid, du moins c’est comme ça que je me vois. Peut être que la vision est un peu erronée.
Finalement elle finit par expliquer sa présence ici, j’hoche la tête. Je n’ai pas vraiment vu la tête de la femme qui s’est présentée à nous il y a quelques minutes mais l’information me suffit. Je reprends tranquillement ma place derrière le plan de travail. Je reprends mon couteau et ma découpe.
« -Tout s’explique ! »
La torture ? Ca ne m’étonne pas de Lilly de l’entendre parler comme ça, si je me souviens bien elle est très bonne pour se plaindre. En fait pendant le temps que nous avons passé ensemble, elle s’était plainte que sa mère la laissait souvent seule. Pourquoi je me souviens de ça ? Aucune idée. Toujours est il que ça m’est revenu en mémoire.
« -Elle t’a engagée aussi pour la soirée ? »
A vrai dire je n’ai aucune idée de ce que peut bien faire Lilly de sa vie, il me semble que la dernière fois que nous nous étions vus elle était étudiante. C’est peut être toujours le cas, ou pas d’ailleurs. Après tout dans ma tête elle était en Espagne, et pourtant aujourd’hui elle est belle et bien devant moi.
D’ailleurs c’est ce que je finis par lui demander. D’habitude je ne suis pas aussi bavard il faut le dire, mais là, je ne sais pas, je suis tellement sur le cul de la voir là que je ne peux m’empêcher de poser mes questions à haute voix. Cependant avant de répondre à ma question elle commence à m’aider puisqu'apparemment elle est là pour ça. Je la regarde prendre le couteau d’un air mal assuré avec un sourire. Ca ne semble pas être sa tasse de thé, pourtant elle essaye. Je rebaisse les yeux vers la fraise que je suis moi même entrain de couper pour ne pas y laisser un doigt.
Elle me répond donc qu’elle est venue ici pour suivre sa mère, et renouer avec son père. Ca me ramène indubitablement vers ma situation, mais je chasse l’idée. De plus la fin de sa phrase me fait rire et me permet de quitter mes idées sombres.
« -J’ai quitté la France il y a quelques mois. En fait j’ai fait mon apprentissage à Paris et après je suis venu ici, mon frère à eut une bourse pour la fac. Du coup je suis désolé, mais va peut être se croiser avant les trois prochaines années ! Vraiment désolé de contrecarrer tes plans mais je compte rester ici !»

A sa remarque suivante je lève les yeux vers elle, avant de les baisser vers la fraise. Ou plutôt de ce qu’il en reste. Effectivement je crois que ce n’est pas vraiment son truc.
« -Effectivement… Disons que c’est la première tu vas t’améliorer...»
J’essaye d’être convaincu mais je doute que je sois très crédible, du fait je lui fais un sourire hésitant en guise d’excuse.
« -Oui je vais te montrer. »
Sur ces mots je laisse une nouvelle fois mon couteau de côté pour venir me placer près d’elle. Je met le couteau dans sa main corrigeant un peu la position, puis j’englobe sa main de la mienne. Finalement de ma main gauche j’attrape une nouvelle fraise, puis en guidant la main avec le couteau je lui montre comment faire pour tenir le fruit tout en le découpant.
« -Tu vois ? C’est pas sorcier il suffit d’avoir le coup de main… »
Il se passe quelques secondes de plus dans ma tête avant que ça ne fasse tilt. En fait j’ai une fois de plus Lilly dans mes bras. Doucement je me dégage donc. Elle ne voit pas ma tête heureusement pour moi. Je ne sais pas quelle mine j’affiche mais je suis confondu et ça doit se voir.
« -Ca va aller ? »
Je reprends mon poste, et plonge dans les fruits pour ne pas avoir à croiser le regard de la jeune femme.
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() message posté Dim 29 Jan 2017 - 1:08 par Invité

 
La roue tourne. Il faut savoir encaisser les coups. Il faut faire preuve d'endurance. Faire le dos rond. Laisser passer l'averse. Survivre au déluge. La plupart du temps, le balancier finit par s'inverser. Pas toujours, mais souvent. Pierre & Lilly
 

 
Wherever I go, you're the ghost in the room

 
Si aux yeux de certains, ma mère semblait banale, peut-être même pas au goût d’autres, pour moi elle était le stéréotype de la femme parfaite. Mais je n’étais pas objective. J’ai beau avoir une relation houleuse avec mes parents, ma mère reste un modèle pour moi, elle reste cette femme avec qui autrefois je pouvais tout partager. En plus de ça, j’avais beaucoup de respect pour avoir su allier l’éducation de sa fille et ses études et réussir. Aujourd’hui, je n’étais certes pas la fille parfaite, mais j’étais pas non plus la future psychopathe prête à massacrer tous les pères de famille pour me venger du mien, ni même cette jeune femme recluse dans un coin à la limite de la crise d’angoisse lorsque quelqu’un ose m’adresser la parole. J’ai même quelques atouts, puisque sans être la dernière bimbo super tendance, à la mode, je fais attention à mon physique. Je ne sais pas si ma mère m’a aidée à forger ce caractère, mais en tout cas, je pense qu’elle y a contribué. Au moins un peu. Et puis à côté de ça, il y a mon père. Inconsciemment, je lui en veux de ne pas avoir essayé de récupérer ma mère, parce que je pense que ça aurait aidé. Je pense qu’à l’heure d’aujourd’hui je n’aurais pas l’impression de vivre chez un inconnu. J’aurais peut-être même cette fameuse complicité qu’ont les filles avec leur père ? Le genre qui, quand on est petite on le compare à un héro. Mes copines avaient leur héro, moi j’avais un genre de père Noël : un gars qu’on voit une fois par an, et qui plus tard on apprend qu’il n’existe pas et là, c’est la totale désillusion. Sauf qu’avec son propre père, c’est plus douloureux, mais encore faut-il le reconnaître.

Aujourd’hui dans cette salle, à cet événement, je me rends compte que pour une chose au moins, on est différentes : Elle est dans son monde ici, alors que moi je ne vois même pas l’intérêt de dépenser autant d’argent pour de la promotion. La pub, à la télé, j’ai l’habitude de la Zaper, c’est le genre de chose qu’on désignerait comme parasite dans sa vie, et pourtant il existe des gens qui se bougent, qui se paient des tenues extrêmement chères pour participer à un event qui a pour but de promouvoir une entreprise. Et le pire, c’est que ça a l’air de fonctionner quand je vois le nombre de personnes qui ont répondu présentes à cette soirée. Tout le monde s’applique, tout le monde sait de quoi ça parle, tout le monde connaît l’importance de la soirée, sauf moi apparemment. Moi mon truc c’est l’art, c’est le dessin. Je préfère miser mon avenir sur l’architecture que sur la publicité. J’aime bien savoir de quelle époque datent quels bâtiments et même si j’aime pas l’Angleterre, j’aimerais au moins mettre les pieds à Oxford un jour rien que pour l’architecture. C’est beau, c’est classe, ça en jette, mais tout ça c’est ce qu’on ressent quand on se passionne pour les styles, les histoires de tous ces édifices.

Et puis dans les cuisines, il y a d’autres sortes d’artistes. Ils subliment des plats, ils font de leurs assiettes des tableaux qui donnent envie de les manger et d’en redemander. Ils ont des challenge, parfois même de la pression et un timing à respecter. Ils doivent repousser leur limite et ne pas se laisser dépasser par la masse de travail. Mais eux, comme ils sont reclus dans un espaces souvent « en coulisse » du devant de la scène, et bien on y pense moins souvent. Avant d’arriver dans cette cuisine, je ne me disais même pas que quelqu’un était en train de travailler dans les fourneaux. Je me disais que tout allait être commandé et qu’un traiteur viendrait tout installer une fois que tout serait prêt. La preuve qu’on ne pense pas souvent à eux. Pourtant à les regarder, ils se donnent et sont concentrés. Ma mère leur parle, mais ils restent malgré tout assidus et précis. Les assiettes que je vois passer devant mon nez sont jolies et c’est même dommages de se donner autant de mal pour finir dans l’estomac d’un être humain. Ils mettent un temps fou à tout préparer pour que les invités prennent 2 minutes pour tout manger. C’est pas un peu rageant ? Rien que pour ça, je serais frustrée d’être cuistot. Ou bien je dirais au gars qui mange mon plat de bien le savourer et de prendre son temps, parce que moi ça m’aura pris la journée pour lui préparer cette assiette. Un peu de respect pour le travail. Enfin je dis ça, mais une fois que je suis au restaurant, c’est à peine si je prends le temps d’admirer l’assiette.

Et puis dans tout ce petit monde où je me trouve particulièrement étrangère, il y a Pierre. Lui, il me donne l’impression d’être un peu moins étrangère, parce que pour la deuxième fois déjà, il me sort de cette impression d’être invisible. Dans cet hôtel, je pouvais encore trouver quoi faire si j’avais décidé d’attendre ma mère dans la chambre. Mais avec lui, le temps avait passé plus vite. En quittant l’hôtel, je savais qu’il serait un de ces visages qu’on met dans un coin de sa tête et qu’avec le temps, on finirait par oublier, par ne plus penser en se disant que c’était la seule et l’unique fois qu’on pourrait l’admirer. Jamais je ne me serais dit que je le recroiserais quelque part, encore moins ici, à Londres, dans cette ville que je rêve de fuir. Je lui souris à sa remarque. C’est vrai que traquer quelqu’un pendant 3 ans c’est beaucoup, justement. Il faudrait une patience que je n’ai pas, une détermination à laquelle je ne crois pas, un sentiment que je n’ai même jamais ressenti « Non, mais je ne voulais pas que tu penses que je suis folle de toi. Puis il n'y’aurait pas eu d’effet surprise si je t’avais retrouvé en un temps record. T’aurais même pas eu le temps de m’oublier que ça y est, je te collerais déjà, T’imagines l’enfer ? Mais une chose est sûre, c’est que je ne crois pas au hasard. C’est le destin mon petit Pierre. On devait se revoir, c’était obligé. Puis dans une cuisine, ça a son charme aussi » Je laissai échapper un rire. En fait, je m’étais perdue dans mon monologue. Tout ça pour dire quoi déjà ? Ah oui, pour dire la raison pour laquelle j’avais mis trois ans comme pseudo détective « Non, moi je trouve que trois ans c’est bien. Mais je retiens que t’aurais voulu que je mette moins de temps. » Je lui adressai un clin d’œil, retournant ses dires à mon avantage, ou en cherchant des sous-entendus où il n’y en avait pas. Je ris à nouveau en l’entendant dire que ma mère m’avait engagée « Tu rêves toi, elle m’exploite oui. Moi je vais pouvoir me gratter pour qu’elle me paie ! » Bon j’exagérais. En réalité c’était moi qui m’étais proposée pour combler mon ennui. La fausse mine boudeuse, je me concentrai sur ma découpe, bien que compliquée. J’étais pas vraiment entrainée et les fraises, je les écrasais plus qu’autre chose « Quel dommage. Moi qui voulait relever le challenge de tomber à nouveau sur toi dans trois ans. Je vais devoir trouver un autre gars à retrouver dans trois ans. C’est con, tu faisais bien l’affaire. » un autre sourire se dessinait sur mon visage alors que j’avais les yeux fixés sur la fraise que je torturais « Et ça te plait Londres ? » J’essayai un peu de voir si j’étais la seule ou pas à ne pas supporter cette ville. Ou bien peut-être était-ce parce qu’il fallait un temps d’adaptation, mais qui pouvait arriver à s’adapter à la pluie ? Au froid ? A l’humidité ? A part un anglais, personne. Et surement pas une espagnole. La fraise plus écrasée qu’autre chose fut sauvée par son maitre lorsque Pierre s’approcha de moi pour me montrer comment m’y prendre. Le sourire sur mes lèvres, j’enregistrai néanmoins la façon dont m’y prendre. Derrière moi, je sentais le jeune homme avec ses bras m’encerclant pour la démonstration. Pierre avait beaucoup de délicatesse dans ses gestes, beaucoup plus que moi en fait et pourtant, je pouvais en avoir avec un crayon. Lorsqu’il ouvrit la bouche, je sentis également son souffle sur ma joue. Je le laissai guider ma main en me rendant compte que les couteaux ne m’inspiraient pas la même chose qu’à lui. D’un signe de tête, je lui répondis à l’affirmative : j’avais bien saisi la façon dont j’allais m’y prendre, mais une chose était sûre, j’avais pas la patience pour faire ça. Malgré tout, j’essayai de m’appliquer au mieux « Et donc, toi t’es cuistot alors ? Barman, cuistot. T’es un homme à marier en fait » Pour celles qui aimaient les cocktails et les bons petits plats, ils devraient faire fureur à une enchère humaine « Je t’imaginais pas avec autant de délicatesse en réalité. Tu caches pas mal de choses toi, non ? » Je m’étais arrêtée dans mon découpage pour me concentrer sur Pierre avec une moue interpelée « J’ai le droit d’essayer d’en savoir plus ? »




 
(c) black pumpkin

 
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() message posté Dim 29 Jan 2017 - 2:15 par Invité
Wherever I go, you are the gost in the room
Pierly
citation


Rien n’est jamais aussi simple que ça peut paraître. Il y a toujours des obstacles quoi qu’on fasse. Ils sont toujours plus ou moins faciles à surmonter bien entendu. Une personne peut sembler parfaitement heureusement, parfaitement saine d’esprit et ne pas l’être du tout. A l’inverse une autre peut sembler plus maussade, mais ça serait juste une illusion. C’est quelque chose dont je me suis rendu compte il y a bien des années de ça. Je pensais que mes parents étaient heureux, que cette famille sans être parfaite était au moins normale. Après vous pourrez me dire : qu’est que normal ? Il n’y a pas de caractéristiques qui fait que quelqu’un est normal ou non. Après tout ce n’est pas parce qu’un se lève du lit à droit et l’autre à gauche que ça veut dire qu’il y a un problème quelque part. La seule chose que ça veut dire c’est qu’on est tous différents. Heureusement d’ailleurs. Imaginer un monde où tout le monde serait identique… Ca ressemblerait à Matrix. Ca ferait peur, ça serait angoissant, et conforme. Il n’y aurait pas d’originalité, tout le monde serait identique à son voisin, et là on perd l’identité. Mais il y a une différence entre être différents les uns des autrs, et être sain d’esprit. En partant de Suisse je me suis rendu compte à quel point c’était malsain là bas. Même si physiquement ils ne se ressemblent pas tous, mentalement tout le monde est à mettre dans la même case. A partir du moment où une personne ne rentre pas dans cette case elle est éjectée, ou alors forcée à rentrer dans le moule. Le problème avec le fait de forcer les gens c’est qu’au bout d’un moment le naturel revient forcément au galop, et donc on finit par s’éjecter seul. C’est pourquoi souvent les enfants partaient faire des études et finissaient par ne plus jamais revenir. C’est ce qui nous ai arrivé à mon frère et à moi. On nous a jamais demandé de partir, nous sommes partis de notre plein gré, parce qu’à aucun moment nous sommes entrés dans le moule dans lequel on a voulu nous mettre.

Je n’aurais jamais pu exercer le métier que je fais chez moi. Ils ne m’auraient jamais laissé, il aurait fallut que je parte pour faire ça. Que j’étudie un tant soit peu, que je fasse autre chose que le même métier que mon père, et ça ça ne serait jamais passé auprès de mes parents. D’ailleurs chez moi les hommes ne font pas à manger. Là bas ils vivent dans une société qui correspond à un ancien temps. Tout ce que je l’ai appris au début, je l’ai appris seul. Parce qu’à un moment il fallait bien faire à manger quand nous étions dans notre appartement avec mon frère. Et puis il a bien fallut trouver des petits boulots, et apprendre à tout faire : de faire le ménage, à faire des cocktails, ou même ramasser des poubelles. Peu importe tant que le job peut payer le loyer, le reste n’est que broutilles. Je pense que c’est le genre de choses que mes parents n’auraient jamais compris. J’essaie de me détacher d’eux et pourtant je suis toujours obligé d’y revenir, comme si à presque 30 ans ils dictaient encore ma vie, alors qu’ils sont à plus de mille kilomètres d’ici. Il faut que j’arrive à me faire une raison, je ne pourrais jamais laissé mon passé complètement derrière moi, mais c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Je ne suis pas le genre de personne qui se prend la tête pour des broutilles, je ne l’ai jamais été, j’aime aller droit au but. L’ennui avec moi, je le sais, c’est que c’est souvent blanc ou noir. J’ai du mal à voir les nuances et à composer avec. Je vous avouerais que pour moi la relation avec mes parents n’est rien de plus qu’une prise de tête qui n’avancera jamais parce que comme je ne compte pas les revoir, ça ne pourra jamais avancer ni dans un sens ni dans l’autre.

La conversation avec Lilly m’oblige à garder les pieds sur terre, je ne peux pas m’enfermer dans mon monde de silence qui est celui du travail. Ca me change, mais ça ne me dérange pas. J’oublie parfois à quel point je suis seul, et à quel point cette solitude peut me peser. Je ne laisse pas facilement les gens entrer dans ma vie, et me toucher. En un sens c’est comme si elle avait déjà fait un pas dans le cercle il y a des années de ça. Même si je ne l’ai vu qu’une fois brièvement, elle ne m’est plus étrangère, et elle ne se comporte pas comme une étrangère. En fait c’est même relativement étrange, on se parle comme si on se connaissait depuis longtemps. Du moins c’est l’impression que j’en ai. Ou alors c’est juste parce que je ne suis pas habitué à ça. Je n’ai pas grandi dans un monde où les relations humaines étaient réellement encouragées. Encore pire d’ailleurs si on parle de relation entre les filles et les garçons. Quand j’étais avec mon ex, notre relation était vraiment clandestine. Là bas c’est le genre d’endroit où la fille avec qui tu te mets à 16 ans est la fille avec qui tu vas rester pour le restant de tes jours peu importe ce qu’il se passe, peu importe les sentiments ou tout le reste. Les choses ont changé, c’était quelque chose de valable au moyen âge quand l’espérance de vie était de 30 ans, mais aujourd’hui ce n’est plus possible d’agir de la sorte.
J’aime l’intonation de sa voix quand elle me parle, ça me fait tout autant rire que ce qu’elle peut dire. Le monologue est réfléchi, on pourrait presque croire que finalement elle a bien essayé de me traquer pendant 3 ans, enfin je ne suis pas naïf au point de croire que c’est le cas. Cependant ses arguments tiennent la route.
« -Je ne sais pas si je t’aurais cru folle de moi, ou folle tout court plutôt. Tu as raison de toute façon, c’est un enfer de te croiser à chaque fois. Je suis obligé de travailler pendant que tu te prélasse. Enfin puisque c’est le destin comme tu dis je vais bien devoir te supporter encore un peu ! »
Je conclus avec un sourire entendu. Je ne veux pas qu’elle le prenne mal, je veux juste la taquiner un peu, après tout il n’y a pas de raison que ça soit à sens unique.
Je la regarde avec un air mi amusé, mi offusqué. Décidément je sens que tout ce que je vais dire pourrait se retourner contre moi. Je ne suis pas très fort à ce genre de jeu, moi je tombe toujours dans les pièges même les plus simples.
« -Ne prends pas tes rêves pour des réalités “petite”. »
Je lui retourne sa pique de tout à l’heure. D’ailleurs même si je ne connais pas son âge, je pense être le plus vieux de nous deux, même si la différence ne doit pas être aussi grande. Elle est bien trop espiègle pour moi, je doute tenir la cadence et à comprendre la différence entre ce qui est le jeu dans lequel elle s’est lancé et la vérité.

Ca ne m’étonne qu’à moitié qu’elle me dise que sa mère ne va pas la payer pour le service rendu. J’ai remarqué que c’était souvent le cas, c’est ce qu’il se passe notamment pour les serveurs employés par leurs parents ils sont toujours sous payés par rapport aux autres.
« -Plains toi princesse ! Au moins tu as la chance de pouvoir te rendre utile ! »
Je sais que c’est une maigre récompense quand on fait beaucoup de travail. Cependant je n’ai pas de meilleure excuse à lui sortir pour le moment. Au moins elle est avec moi ça pourrait être pire non?
« -Ca pourrait être pire, tu pourrais être seule dans cette cuisine ! »
Je ne sais pas ce que vaut ma compagnie pour autant.
Alors qu’elle me dit que je faisais bien l’affaire pour se rencontrer tout les trois ans, moi je pense plus tôt que c’est dommage d’attendre autant de temps pour se revoir. J’ai pourtant l’impression que c’est exactement ce qu’elle veut entendre. Ce piège là je l’ai trouvé, et je ne tomberais pas dans le panneau comme un bleu.
« -Je n’ai jamais dit que je comptais te revoir avant tu sais ! »
Je souris à la fraise que je suis entrain de découper. Cependant je ne m’attendais pas à la question qui fuse juste après. Est ce que j’aime Londres ? Bonne question.
« -Ca ne fait que 6 mois que je suis ici. Je ne déteste pas la ville, mais je préférais Paris. J’ai du mal à m’habituer aux gens ici… »
Oui je n’ai jamais réussi à me faire aux British, ils sont bien trop guindés, parfois je leur trouver un manque de naturel impressionnant.
« -Ca fait longtemps que tu es ici ?  »

L’épisode de la démonstration passé je retrouve ma place, légèrement perturbé par ce qu’il vient de ce passer. C’est dur de nier que la jeune femme est vraiment belle, je sais que si je regardais autour de nous beaucoup de regards de mes collègues seraient posés sur elle. Elle est naturelle dans sa façon d’être est dans sa façon de parler. Et moi je me laisse impressionner vraiment facilement. Par manque d’habitude sans doute.
J’essaie donc de ne penser qu’à cette fraise qui ne résiste pas devant mon couteau, puis je passe à la suivante.
« -Pâtissier en fait. »
Je la reprends surtout parce que je ne sais pas quoi dire. Je n’ai jamais vu les choses sous cet angle là, pour moi ça n’a rien d’attirant.
« -Je crois qu’il n’y a que toi pour penser ça ! Je crois surtout que je suis passé par tous les petits boulots possibles avant de trouver celui qui me correspondait le plus. »
Sa remarque suivante me fait lever la tête cette fois ci pour croiser son regard. Je me demande pendant deux secondes si elle se moque de moi, mais non elle a l’air sincère. Elle me regarde elle aussi. Je ne sais pas quoi lui répondre une fois de plus. Personne depuis que je suis arrivé n’a essayé d’en savoir plus sur la vie de Pierre Mercier. Oui je sais je n’arrête pas de me plaindre, mais je vous dit les choses telles qu’elles sont. Je sais que la question qui commence par “j’ai le droit” veut juste dire qu’elle le fera dans tous les cas. Je peux toujours choisir ce que je veux dire ou non. En soit j’ai très peu de choses à cacher, mais il y a des sujets donc je n’ai pas envie de parler pour ne pas continuer à remuer le couteau dans la plaie je me fais suffisamment de mal tout seul. Je lui souris malgré tout.
« -Et qu’est que tu veux savoir madame la curieuse ? »
Je la dévisage quelques instants de plus avant de couper la dernière fraise, et je passe à présent aux poires après avoir essuyé mon couteau.
« -Est ce que tu peux laver celles là s’il te plait ?»
Je lui désigne du doigt une cagette de poire proche de nous, et l’évier est à côté de moi. Il n’y a rien de compliqué là dedans je pense que ça devrait être dans ses cordes.
« -Essaye de ne pas faire exploser la cuisine… »
Je ris de ma propre bêtise…
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() message posté Dim 29 Jan 2017 - 13:21 par Invité

 
La roue tourne. Il faut savoir encaisser les coups. Il faut faire preuve d'endurance. Faire le dos rond. Laisser passer l'averse. Survivre au déluge. La plupart du temps, le balancier finit par s'inverser. Pas toujours, mais souvent. Pierre & Lilly
 

 
Wherever I go, you're the ghost in the room

 
Je n’aurais jamais pensé me retrouver un jour dans cette cuisine, avec Pierre que je devais aider à couper des fruits. Je crois que s’il n’avait pas été dans la pièce, j’aurais demandé à ma mère si elle a perdu la tête de me lâcher ici et de partir continuer son petit tour de piste. Elle savait très bien que la cuisine c’était pas mon truc et pour cause, mes parents préféraient que je ne vienne pas les aider plutôt que de risquer d’éborgner quelqu’un, ou encore de foutre le feu à la cuisine.  Alors je me contentai de mettre la table et puis je retournai vaquer à mes occupations. Pour moi, la cuisine était une chose qui demandait beaucoup de lourdeur, mais sans doute gardais-je un très mauvais souvenir de la cantine au lycée : ce genre de bonne femme qui ne donnait pas du tout envie et qui puait la graisse à frite à trois kilomètres à la ronde, qui remplissait les assiettes de purée d’un geste tout sauf élégant à se demander si elle ne s’entrainait pas pour le lancer de purée annuel. Et le but du jeu devant sans doute éviter d’en foutre plein sur l’élève tenant l’assiette, chose bien compliquée vu la grâce de la bonne femme. Sauf que voilà, quand je voyais Pierre avec ses fruits, je me rendais compte que ce concept était tout sauf réel et que cette genre de femme n’était pas ce qu’on pouvait appeler une cuisinière, mais une madame tout le monde qui avait trouvé un emploi pas forcément dans ses compétences, mais comme il fallait bien garder sa croute et en plus de ça, arriver à servir tout le monde dans un temps imparti, il n’était pas question de grâce, de douceur.

Comme tout le monde, j’ai déjà mis les pieds dans un restaurant. Et pourtant, avant de les regarder à l’ouvrage, je n’avais jamais pris le temps de me dire que dans les coulisses de ce restaurant, des personnes prenaient le temps de mettre leur talent sur une assiette. Aujourd’hui, je crois que ce sera différent, que j’arriverai à faire la différence, mais aussi à admirer ce que j’avais sous le nez avant d’y planter ma fourchette. Quelque part, c’était une forme d’art, bien que différent du mien. J’avais aussi de la délicatesse, mais les moments où elle se manifestait étaient plutôt rares. Manier le crayon avec un coup de main de bourrin vous donne un dessin grossier. Lorsque j’ai appris à dessiner à l’école, mes professeurs ne cessaient de me dire qu’il fallait laisser glisser le crayon sur le papier. Je crois que c’est la toute la magie du dessin. Arriver à faire quelque chose, à reproduire sur du papier ce qu’on a en tête avec quelques coups de crayon simples et légers. Alors oui, j’ai ma dose de délicatesse, mais seulement dans certains moments de ma vie, et encore. Il faut bien gratter pour faire face à cette délicatesse. Je ne la montrais pas à tout le monde, peut-être par peur qu’on en abuse. Qu’on se serve de cette délicatesse pour me blesser. Voilà, je crois que c’est un peu ça.

Je n’arrive pas à comprendre comment Pierre sait me supporter dans cette pièce. Quand je fais quelque chose que j’aime, je préfère qu’on me laisse tranquille, dans ma bulle. Il a l’air de s’appliquer, de savoir ce qu’il fait et de mettre du cœur à l’ouvrage. Et puis à côté, il y a moi. Je suis là, à lui parler, à essayer d’attirer son attention pour que ses fruits aient moins d’importance que ma petite personne. Peut-être est-ce un moyen de voir s’il se rappelle vraiment de moi ou s’il fait semblant et qu’il se rappelle juste de mon visage ? Mais alors il jouerait plutôt bien la comédie et les hommes, c’est très mauvais pour ça. On arrive toujours à les choper au tournant et à découvrir le pot au rose. Alors je crois qu’il se rappelle de moi, maintenant j’espérais juste qu’il ne m’oublie pas, à nouveau. J’étais une jeune fille banale, ce genre de fille qu’on croise un jour, avec qui on passe un peu de temps et deux jours après, chacun reprend le cours de sa vie. Comme si de rien n’était, comme si cette personne n’avait jamais existé. C’est la vie qui voulait ça, c’était aussi son job de l’époque. En tant que barman, il devait surement en croiser des dizaines et sur les dix, il devait au moins il y en avoir trois ou quatre qui osaient lui parler. Et voilà, moi je fais partie de ces quatre filles là, mais dans les quatre, j’étais probablement la seule qu’il recroise sans l’avoir demandé, sans l’avoir cherché. Alors quelque part, je me sentais privilégiée et mon égo aussi.

A sa réflexion, je rigole. Je ne suis pas le genre de fille à ne pas comprendre la plaisanterie, d’autant plus qu’ici il ne s’agissait que d’un petit jeu. Chacun lance des piques à l’autre. C’était bon enfant, rien de bien méchant et peut-être que ça nous permettait de tâter un peu le terrain. Est-ce que l’autre à vraiment changé ? Est-ce qu’il ou elle a une autre philosophie de vie ? J’aurais très bien pu vouloir suivre les pas de ma mère et prendre cet événement très au sérieux, auquel cas je n’aurais sans doute pas passé les minutes qui s’écoulaient actuellement à plaisanter avec Pierre. Mais très honnêtement, je crois que tout en continuant de couper ces fraises, j’agissais égoïstement. De toute façon, c’est pas comme s’ils n’auraient rien à manger ce soir, alors je pouvais être moins productive que si je ne lui parlais pas tout court. Et puis, ça lui apprendra aussi à me lâcher là où je suis une vraie catastrophe ambulante  « Toi, tu ne te rends pas compte de la chance que t’as. Jamais je ne mets les pieds dans une cuisine. Et t’as raison, faudra encore me supporter. Et puis comme je dois encore passer la soirée à cet événement, ben en fait ta soirée sera littéralement bousillée par ma faute. Tu m’en veux pas ? » Toujours ce même sourire sur le visage, je repris « Ah, et je peux te montrer comment je me prélasse aussi si tu veux » Auquel cas je laisserais le couteau que j’ai en main dans un coin de la cuisine, j’irai m’asseoir sur l’appuie de fenêtre contre le radiateur et je le regarderais travailler. Sans même le laisser tranquille une minute « t’aurais pu tomber sur une fille super moche, super désagréable, qui pue au point que tu te demanderais si tes fruits ne pourriraient pas rien qu’au contact de ses doigts. Moi je te trouve chanceux d’être tombé sur moi » Mimant la fille faussement prétentieuse, puis je repris la torture de mes fraises. Déjà il y a trois ans, il avait probablement trouvé le truc pour m’énerver. J’avais horreur qu’on me prenne pour la petite de service et évidemment, il ne fallait pas en demander de trop pour qu’il arrive à s’en rappeler « Ah non. Tu vas pas commencer, ça fait trois ans, je suis plus petite. » Par rapport à lui, j’étais toujours beaucoup plus jeune, mais il n’en savait rien et je me voyais mal lui dire qu’en fait, oui j’étais petite et assez jeune comparé à lui. Après, il avait aussi raison sur un point que je ne pouvais pas nier, j’étais pas très grande comme fille. Mais ça, il le voyait bien. Mais je savais très bien qu’il ne parlait pas de la taille, parce qu’il cherchait juste à m’offusquer un peu « T’attaques directement sur les endroits glissants toi. Tu perds pas le nord. »

En acceptant de venir aider ma mère, je n’avais jamais espéré qu’elle me paie. En fait c’était plutôt un service et ça me permettait de faire quelque chose de ma journée sans que mon père ne se demande où je me trouve. Là, ma mère lui enverrait surement un texto pour lui dire que j’étais avec elle et avec un peu de chance, il ne me demanderait pas où, quand, comment. Il semblait oublier que j’avais dix-neuf ans, et que concrètement j’étais même majeure. Mais je mettais ça sur le coup du père en apprentissage « Bennnn tout travail mérite salaire, et elle devrait même me payer double pour devoir te supporter et travailler avec toi. Elle se rend pas compte elle » Un autre sourire prouvait qu’il n’y avait rien de sérieux dans ce que je disais. En fait peut-être que si elle me demandait de passer la soirée là, ça ne me dérangerait pas. Et justement, c’était comme s’il avait lu dans mes pensées. Il était clair que si j’avais dû rester avec un des autres, que je ne connaissais pas, j’aurais lâché l’affaire après dix minutes et j’aurais rejoins ma mère. Mais la présence de Pierre me tenait en place, parce que je savais qu’il avait la capacité de m’occuper «  J’aurais cherché ce gars dont je te parlais. Tu sais, le gars que je dois revoir dans trois ans. A moins que ça ne fonctionne qu’avec toi » Non, en réalité, Pierre était une agréable compagnie. Et même si je ne connaissais pas les autres, je ne cherchais pas à vouloir les connaître. Probablement que s’il n’était pas là, oui, j’aurais déjà jeté l’éponge depuis longtemps « J’ai l’honneur de t’annoncer que si tu n’étais pas dans cette cuisine, j’aurais laissé les fruits là, j’aurais quitté la cuisine et peut-être même que je serais rentrée chez moi parce que mon égo aurait été piquée à vif » Il avait raison en fait, j’étais vraiment une princesse. Ou du moins un genre de princesse. Ma mère m’avait élevée comme une princesse avec l’espoir que comme je n’avais pas mon père, j’avais le double d’amour ce qui comprenait de répondre à mes caprices lorsque j’étais plus jeune. Aujourd’hui, elle était moins flexible. Avec le reste de mon entourage, j’étais déjà plus supportable, mais voilà. A croire que Pierre et moi n’avons pas grandi de la même façon « Donc imagine là, je plaque tout, je m’en vais, je rentre chez moi sans t’avoir donné ni mon numéro, ni te dire où je vis, t’en aurais rien à faire ? Tu ne te dirais même pas que c’est con ? » Je haussai les sourcils, affichant une bouille de fille vexée, lâchant le couteau et croisant les bras sur ma poitrine « moi qui pensais qu’on s’amusait bien ».

Paris. Lorsque j’y avais mis les pieds, j’avais trouvé ça sympa, mais j’aimais bien l’Espagne. En fait je crois que je préférais l’Espagne, mais c’est pas comparable. On avait le soleil, et puis c’était là où j’avais grandi, j’avais mes amis, mes habitudes et une mentalité différente. Mais lui ne semblait pas être trop dérangé par la ville dans laquelle on se trouvait. Alors que moi, je l’avais en horreur je crois. Pour un weekend, c’était pas mal il y avait de chouette magasin, mais j’avais du mal à m’y habituer, à y vivre « On va dire que ça fait un mois et demi. Et comme ma mère n’a pas encore défait ses cartons, j’ai l’espoir qu’on reparte en Espagne, mais je rêve en couleur je crois. Donc j’essaie de m’adapter. Mais t’as raison, les gens ici sont amères. » C’était connu et reconnu que les anglais avaient cette dance à être très hautains. Tout était carré, tout devait être parfait dans le moindre détails. Il fallait être à l’heure, il fallait se tenir droit, il fallait être poli et courtois. En fait il fallait être façonné et pouvoir entrer dans un moule. Dans leur moule. Sinon on devenait un véritable crash à la sociabilité. Peut-être était-ce la raison pour laquelle j’avais du mal à m’adapter. J’avais pas envie d’être façonnée ni même de rentrer dans le moule. Je ne voulais pas qu’on me dise qui je suis, ce que je dois faire et comment je dois penser ou agir « J’aime pas Londres. C’est triste comme pays. » C’était du moins l’impression que j’en avais.

Un malaise s’était installé suite à la démonstration de la découpe. Moi j’avais apprécié les quelques secondes, pire encore je les avais provoquées. Pierre avait saisi la perche sans s’en rendre compte et pourtant, il n’y avait rien d’abusé dans son geste, surtout après l’étreinte à laquelle j’avais eu droit en me voyant. En fait, c’était sympa. Nouveau, mais sympa « Ahhhh donc le chocolat, tout ça c’est ton truc. C’est une astuce pour faire tomber les filles en fait ? Toutes les femmes aiment le chocolat. » Bon, pour le coup je le charriais. Moi même j’étais une accro au chocolat, mais ça j’avais pas envie de lui dire. Autant ne pas trop en dévoiler « C’est sympa sinon. Il y aura toujours des gens qui mangeront des pâtisseries. Tu ne crains pas le chômage économique. Même si je maintiens que ta tenue de barman c’était sexy » A mon tour, je gardai les yeux fixés sur la fraise que je découpai avant de la lancer dans le plat et de prendre la suivante « moi je crois que si j’avais dû chercher des petits boulots, je me serais proposée comme modèle dans une académie de dessin. Et j’aurais dragué le gars avec le meilleur coup de crayon. ».

En savoir plus sur Pierre était peut-être déplacé, ou gonflé. Ou inattendu. Mais sans vouloir faire la fouineuse, je voulais me persuader qu’en quittant cet évènement, j’en saurais assez pour ne plus le perdre de vue à nouveau. Certes, il était de Londres maintenant et mieux encore, son frère était à la fac. Peut-être qu’on s’y croiserait ?  Ou peut-être que dans les cinq minutes à venir, ma mère viendrait me récupérer pour me pousser à aller me changer pour la soirée, qu’elle me trouverait un autre boulot et que moi je m’ennuierais comme un rat mort dans la salle où tout se déroule alors que lui ferait ce pourquoi il est là. A cette pensée, je me pinçai les lèvres, inquiètes du déroulement de la soirée « Pourquoi t’es libre ? Enfin je veux dire, pourquoi tu fais ce que tu veux ? » Pour moi, c’était presque une opportunité de vivre comme lui. Apparemment il n’était là qu’avec son frère et donc, en d’autres termes, il était tranquille « Pourquoi la pâtisserie ? » et puis une question que je m’étais posée et qui, pour le coup demandait réflexion « Pourquoi à Paris t’as perdu du temps avec moi au lieu de peut-être faire autre chose ? » Une fois de plus, alors que j’avais terminé de couper la dernière fraise, je mis le couteau de côté, le regardant avec beaucoup de sérieux. Enfin, je pris la cagette de poires et me plaçai à ses côtés, face à l’évier pour les nettoyer. En remarquant que le couteau que j’avais quelques minutes avant se trouvait de l’autre côté de Pierre, je me glissai entre lui et le plan de travail pour récupérer le couteau « Je suis encombrante comme fille non ? » Je récupérais mon couteau, ainsi que ma place pour commencer à nettoyer les poires sans jamais quitter le sourire espiègle qui m’animait. Jusqu’à sa remarque qui le fit rire alors que j’avais bien saisi la petite pique « t’as peur de l’eau Pierre ? Non parce que c’est tentant »



 
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() message posté Dim 29 Jan 2017 - 20:20 par Invité
Wherever I go, you are the gost in the room
Pierly
citation


Même si tout n’est pas blanc ou noir dans l’existence, j’ai tendance à voir les choses en bicolore. Ca je le dois à mes antécédents en fait. On m’a toujours demandé de faire des choix sans nuance, et décisif. Comme partir de chez moi. Ca a été un choix complètement crucial, définitivement décisif, et noir. Ca a fait du mal à beaucoup de gens, ça m’a fait du mal à moi surtout. J’ai été forcé à le faire, et pourtant je sais qu’il n’y aurait pas eut d’autre issue possible. C’était celui là et pas un autre. Hélas là bas c’est leur façon de faire… Soit on reste jusqu’à la fin des temps, soit on part pour ne plus jamais revenir. Soit on suit leurs idées, soit tout le monde nous tourne le dos à un moment donné. Le choix est censé être libre, et pourtant tout est fait pour qu’on aille dans leur sens. A partir du moment ou l’on choisit autre chose que la voie qu’ils ont tracé pour nous on est considéré comme un paria. Je suis devenu un paria pour ma famille, et pour tout les gens que je connaissais, c’est pour ça qu’il a été temps de partir. Heureusement qu’Elias est venu avec moi, je ne sais pas si j’aurais tenu bon seul toutes ses années. Car au final il n’y a que grâce à lui que ma vie n’est pas aussi solitaire. Je ne la partage qu’avec très peu d’autre personne, et je n’ai pas trouvé chaussure à mon pied. Mon excuse la plus utile est : je n’ai pas le temps. Ce n’est pas complètement faux en plus, avec le métier que je fais c’est dur de vivre au même rythme que le reste du monde. Cependant je suis un des derniers de mon équipe à être encore célibataire, c’est que ça doit être possible, je ne me suis juste pas donné les moyens encore. Peut être même que j’ai un léger blocage là dessus, j’ai peur d’être abandonné, je ne connais que ça, et je sais la douleur que ça procure, je n’ai plus envie de m’y confronter. Je n’ai plus envie de me retrouver seul après avoir espéré que tout allait bien. Alors je suis seul par choix.

Ne croyez pas que je sois entrain de me plaindre pour autant. J’accepte mon sort je suppose, je ne m’ennuie pas, j’ai un travail qui me prends du temps, qui est ma passion. Est ce que beaucoup de gens peuvent dire qu’ils vivent de leur passion ? De plus en plus sans doute, mais au vu de ce que j’entends souvent, ce ne sont pas les plus nombreux. Je me demande même si mon père n’a jamais aimé le boulot qu’il a pourtant fait toute sa vie. En réalité j’en doute réellement, il a juste fait ce qu’on lui disait de faire, il fait comme son père avant lui, et ainsi de suite sur plusieurs générations. Est ce qu’il n’est pas heureux ? Est ce que la vie de mes parents est morne ? Je le pense, mais je pense aussi que tant qu’ils ne s’en rendent pas compte ce n’est pas trop grave. J’ai l’intuition que ça ne fera jamais tilt dans leur tête de toute façon. Je pense que c’est mieux comme ça, ils n’auront jamais a souffrir d’être ignorant du monde qui les entoure.

Bon je ne peux pas dire que je sois moi même très au courant de comment fonctionne ce monde dans lequel j’ai mis les pieds si tardivement. Je crois que j'essaie encore d’en comprendre tous les aspects. Surtout celui concernant les relations humaines. En déménageant déjà trois fois de pays, j’ai pu observer des coutumes différentes, des façons de vivre différentes, ou même de parler. Pour l’anglais j’ai du me débrouiller seul avec ce que j’avais pu apprendre à l’école comme base. Je n’avais pas le choix c’était une des qualités qu’il me fallait pour travailler dans le monde de la restauration de l'hôtellerie. Je n’avais jamais pensé qu’un jour il me faudrait le parler tous les jours, mais je vais là où le vent me porte. Jusque là ça ne m’a pas trop desservi je pense, ça aurait put être bien pire. Je vois du pays, je vois des nouvelles têtes. Londres m’a apporté son lot de nouveauté même si je ne trouve pas qu’elle soit aussi belle que Paris. J’aime me balader dans les grands parcs, ou suivre le trajet de la tamise à pied ou en vélo. Je n’ai pas d’autres moyens de transport personnel. Une voiture ça coûte cher, bien que j’ai le permi. Je préfère économiser pour mes projets, plutôt que d’investir dans un gouffre à argent qu’est une voiture. Rien que de penser qu’il faudrait la garer me fatigue.

Cependant si je parlais de solitude tout à l’heure, ce n’est pas le cas aujourd’hui bien au contraire. Je crois que j’aurais pu difficilement trouver quelqu’un de plus bavard que Lilly pour travailler avec moi. Si ça avait été quelqu’un d’autre, je sais que je n’aurais fait aucun effort pour tenir la discussion et donc par la même occasion me ralentir dans mon travail. Là j’accepte volontier la distraction qu’elle m’apporte. En soi peut-être que nous aurions moins discuter si nous n’avions pas été enchaîné à ce plan de travail non ? Souvent les gens disent qu’ils ont besoin de s’occuper l’esprit quand c’est leurs mains qui travaillent. Mais je ne suis pas d’accord. Il est possible de concentrer les deux sur le même objectif. Celui de l’excellence. Là mon cerveau doit être à deux endroits à la fois, les deux requièrent de plus toute mon attention. D’un côté je ne dois surtout pas me couper les doigts, et procédés à des découpe presque chirurgienne, et de l’autre j’ai Lilly. Pour le coup j’ai l’impression que c’est elle qui me découpe bien que ça ne soit pas avec un couteau.
« -Ah parce que tu comptes me tenir compagnie pour la soirée aussi ? »
Je compose mon ton de quelques notes exaspérées. En réalité je suis plutôt content de ne pas me retrouver seul, ce n’est pas le genre d’évènements que j’affectionne. Mais je ne sais pas pour autant si j’aurais beaucoup de temps à lui accorder au moins au début quand les gens se rueront sur les plats que nous sommes entrain de préparer. Après il faudra ranger, et puis ensuite je serais tranquille. Les patrons ont plusieurs vus des choses pour la fin de soirée. Soit nous sommes invités pour un dernier verre une fois tout le monde parti, soit nous sommes priés de partir avant même la fin des festivités. Je ne sais pas sur quel note ce finira celle ci.
« -Parce que tu n’es pas entrain de te prélasser là ? »
Je me moque gentiment d’elle et de son travail pour le moins chaotique. Pas besoin d’un dessin pour voir qu’elle n’est pas dans son élément.

Les piques fusent régulièrement, mais il n’y a rien de bien méchant là dedans au contraire. Parfois j’ai l’impression qu’elle me laisse des portes ouvertes pour que je n’ai plus qu’à les pousser pour les ouvrir en grand. C’est exactement le cas quand elle m’explique à quel point je suis chanceux d’être tombé sur elle plutôt que sur une autre fille.
« -Qui a dit que tu étais belle ? »
Pas elle en tout cas mais c’était sous entendu dans ses paroles. Je lui jette un regard amusé, c’est assez drôle d’essayer de trouver des moyens de la faire s’énerver juste par quelques petites phrases par ci par là. Cependant si on me posait la question je répondrais sans même y réfléchir quelques secondes. Elle est indubitablement belle, elle le sait, et je suis sûr qu’elle en joue. Même sur moins et peut être à l’heure actuelle. Du moins c’est l’impression que ça me fait maintenant que j’y pense. Je suis loin d’être sans faille, et c’est dur de ne pas jouer le jeu.
D’ailleurs je continue à attiser là où je pense que ça peut être un sujet piquant. Ca ne manque pas de marcher.
« -Je ne crois pas que tu te gênes pour faire la même chose. »
Du coin de l’oeil je la regarde pour jauger de sa réaction. C’est plus fort que moi, il faut que j’ai le dernier mot, mais elle fait pareil. En plus elle continue. Elle me cherche c’est flagrant, et moi incapable de réfléchir plus loin je réponds à ses provocations.
« -Peut être que si justement ! Elle sait qu’il fallait te motiver à travailler, alors elle t’as jeter dans la cuisine pleine de gars, se disant qu’il y en a bien un qui arriverait à te mettre au travail. »
Je lui rends son sourire malgré mes propos qui pourrait être facilement mal pris.

« -Tu peux chercher, mais je suis sûre qu’il te dirait que tu es folle si tu lui dis : c’était sympa, on se revoit dans 3 ans ? »
Pour certain trois ans c’est faire des projets sur la comète. D’ailleurs si je me posais la question, je ne saurais même pas quoi répondre. Où en serais je dans trois ? Aurais je accompli mes rêves ? Ou en serais je toujours au même point ? Et si j’avais accompli ce rêve, est ce que j’en aurais un autre ? Le futur est ce qu’il est, mais je ne pense pas qu’il soit écrit à l’avance.
La remarque suivante pourtant me fait m’arrêter dans mon geste. Mon couteau reste en suspens dans les airs au dessus du fruit. Ca ne dure qu’une seconde, puis je reprends mes gestes. Mon cerveau mouline, cette fois ci je pense simplement à la jeune femme à côté de moi, et plus au travail de mes mains.
« -Ne crie pas victoire trop vite, tu n’as fait aucune catastrophe encore mais il reste un millier de chose à faire. »
Le reste de ses mots n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, mais je préfère le garder pour moi, et ne pas relever. Je ne sais pas où elle veut en venir, et pourtant je sais que ce qu’elle me dit n’est pas juste irréfléchi. J’ai peur que notre discussion soit lourde de double sens, mais je n’en capte pas la moitié.
Puis finalement j’ai le droit à la Lilly boudeuse, ses paroles me font sourire, mais c’est le bruit du couteau qui me fait relever la tête.
« -Peut être. Mais toi aussi.»
Même si je souris, ma mine est plus sérieuse cette fois ci pourtant. Je ne sais pas d’où me vient une réponse comme ça.

La discussion dévie un peu. Puisque Lilly semble prête à me mitrailler de questions, j’essaye moi aussi de lui en retourner certaine dans la mesure des choses. Je ne suis pas quelqu’un de très bavard, d’ailleurs je bloque souvent au moment d’engager la discussion, et parfois je me contente seulement de répondre aux questions qu’on me pose. Ce n’est pas un manque d’intérêt vis à vis de l’autre, c’est juste que je ne me sens pas à ma place dans ce rôle.
D’ailleurs la dernière fois que nous nous étions vus, Lilly m’avait dit habiter en Espagne. Il me semblait assez logique que ça soit toujours le cas. Cependant non elle semble habiter à Londres pour son plus grand désespoir. C’est vrai que l’Angleterre et l’Espagne n’ont pas grand chose en commun. Enfin du moins c’est mon avis sur la chose puisque je n’ai jamais mis les pieds là bas.
« -Tu es arrivée en hiver aussi… Quand il fait plus chaud c’est agréable. Après je doute que ça ait grand chose à voir avec ce que tu as put voir en Espagne. Disons qu’il faut faire avec les moyens du bord. »
J’essaie de finir sur une note optimiste, pour lui remonter un peu le moral.
« -Et toi tu fais quoi ici ? »
Je pense que de mon côté le tableau est clair. Cependant moi je ne sais pas à quoi elle occupe ses journées. C’est l’occasion d’en apprendre plus non ? En plus elle ne se gêne vraiment pas pour me poser toutes sortes de questions. Sous bien des aspects elle me fait penser à une petite fille qui découvre le monde et qui ne se demande pas si ses questions seront mal prises ou non, parce qu’elles sont juste franches. Ca ne me dérange pas réellement, je n’ai pas de détail de ma vie récente à occulter.
« -Oui c’est ma spécialité d’ailleurs… Mais je ne suis pas sûr que ça soit un bon argument de vente. En général les femmes qui viennent à la boutique évite de près tout ce qui contient du beurre, ou du sucre. »
Ma remarque me fait rire. Lilly a vraiment l’impression de penser que tous les arguments sont bons pour faire tomber les filles, mais je ne les ai jamais mis en application. C’est peut être ça la clef d’un futur succès envers la gente féminine ? Je n’ai pas l’impression d’avoir beaucoup de succès jusque là.
J’hoche la tête quand elle me parle du fait que les pâtisseries autant toujours du succès, mais c’est la fin de sa phrase qui me fait tiquer. Je lève les yeux au ciel à la fin, mais c’est au tour de Lilly de sembler gênée par ses propres paroles.  
« -Les filles et les uniformes… »
J’essaye de faire passer ça sous forme de blague pour ne pas me laisser aller aux sous entendus peut camouflé qu’elle vient de faire. Moi sexy ? Une chose est sûre c’est que Lilly n’est pas du genre à camouffler ce qu’elle pense, elle le dit, et c’est tout. J’aime bien ça même si ça crée facilement des moments gênants.

Des questions, toujours des questions. Si j’étais plus sûr de moi je lui demanderais pourquoi elle veut savoir tout ça, mais je n’en suis pas capable. Alors je me contente de lui retourner au autre question. Si je m’attendais à avoir plusieurs questions, on peut dire que je ne suis pas déçu du résultat. Ce n’est pas une mais un flot auquel j’ai droit.
« -Libre ? Qu’est que tu entends par libre ? Que je ne suis plus avec mon frère ? Ou parce que je suis seul ? »
Si je lui demande des détails c’est bien parce que je n’ai pas compris où elle voulait en venir avec sa question. Je suis libre, ça c’est sûr il n’y a pas de doute là dessus… Personne n’est là pour me dicter ma conduite, mais ça je l’ai acquis sans vraiment le vouloir…
A peine ai je répondu à la première que la suivante question fuse. Pour la pâtisserie ? Je me mords la lèvre deux secondes histoire de réfléchir à la façon de lui présenter les choses, puis finalement je lui réponds :
« -Et bien disons qu’après l’hôtel où on s’est rencontré, j’ai fait un passage dans une pâtisserie. Là j’ai découvert que c’était ce que je voulais faire de ma vie. Du coup je me suis inscrit pour passer le diplôme, et cette même pâtisserie m’a pris en apprentissage. Du coup quand je suis arrivé ici ça a été assez simple de trouver un boulot, le fait que j’ai ma formation en  France à vraiment beaucoup joué là dessus. Voilà pourquoi, après je me suis spécialisé dans le chocolat...»
Pour l’instant j’arrive encore à suivre. Cependant la question suivante me laisse sans voix. Pourquoi je suis resté avec elle quand elle était à Paris ? Je ne me suis jamais posé la question. Je suppose que la réponse de point de vue est simple. Je ne suis pas du genre à me poser des questions compliquées sur le pourquoi du comment, j’agis comme bon me semble.
Je vois à sa mine que ce n’est pas une question en l’air. Elle a l’air sérieuse. Du coup je réponds sur le même ton qu’elle.
« -Parce que j’en avais envie. »
Pour moi les choses sont comme ça : j’ai envie de le faire, donc je le fais, je ne pense pas autant aux conséquences de mes actes, ce qui pose souvent des problèmes.

Puisqu’il faut qu’on continue à travailler je lui demande si elle peut me laver les poires, et s’en sera fini pour la découpe des fruits, il faudra ensuite procéder au dressage des tartes, et des gâteaux avec les fruits découpés. Pour ce soir j’ai prévu beaucoup de chose à base de chocolat, et l’avantage c’est que j’ai pu le faire en avance et le laisser au frais.
Alors qu’elle prend place à côté de moi pour laver les poires, elle fait de la contorsion pour récupérer son couteau oublié de l’autre côté. Au passage elle en profite pour se rapprocher de moi, elle tente des manoeuvres dangereuses alors que j’ai un couteau à la main.
« -A peine ! En plus ça sera de ma faute si je te te coupe un doigt. »
Finalement elle reprend sa place, et moi je peux me mettre à respirer à nouveau maintenant qu’elle a remis une distance physique entre nous. Cette fille est tentante, et elle connaît son manège.
« -Contrairement à toi j’ai bon espoir d’être payé à la fin de la soirée, et je doute que ta mère apprécie beaucoup si on inonde la cuisine alors qu’on est censé travailler ! »
Je joue volontairement les rabats joies, histoire de l’ennuyer.
« -J’ai une question moi aussi. »
Je laisse une petite pause s’installer, et je tourne la tête pour la regarder.
« -Pourquoi tu veux en savoir plus sur moi ? »
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() message posté Lun 30 Jan 2017 - 2:37 par Invité

 
La roue tourne. Il faut savoir encaisser les coups. Il faut faire preuve d'endurance. Faire le dos rond. Laisser passer l'averse. Survivre au déluge. La plupart du temps, le balancier finit par s'inverser. Pas toujours, mais souvent. Pierre & Lilly
 

 
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« -Ah parce que tu comptes me tenir compagnie pour la soirée aussi ? » Mon sourire s’effaçait. Lui semblait sérieux, il n’y avait pas de raison pour que je ne prenne pas sa remarque au premier degré. J’attendais plusieurs secondes, à la recherche d’un sourire en coin, pour voir s’il était vraiment sérieux. Auquel cas je le laisserais en tête à tête avec ses fruits. En fait, tout ça s’était passé vite, un peu trop vite pour que j’arrive à comprendre ce qui nous arrivait. Il y a une heure d’ici, j’étais chez moi et je ne pensais même pas une seconde à ce garçon. Non, je pensais surtout qu’il fallait que je me trouve un truc à faire dans cette ville avant de virer totalement dingue. Oh j’aurais pu me pointer à l’hôpital où travaille mon père, attendre quelque part, dans une salle d’attente qu’il remarque que je sois là. Dans ma grande gentillesse inhabituelle, je lui aurais proposé d’aller boire un chocolat chaud et lui, dans sa grande habitude il m’aurait sorti un truc du genre « une autre fois Lilly, là j’ai beaucoup de travail blablabla » et ça m’aurait exaspérée. Je serais partie, je ne sais pas trop où, probablement que je serais rentrée puisque ma mère serait déjà partie et j’aurais continué ma vie comme je l’avais commencée depuis que je suis ici. Je passe mon temps dans des boites de nuit, je rencontre des gens pas forcément très clean aux yeux de mes parents. Ces gens qui m’incitent à boire, à fumer, à m’amuser et à me perdre totalement. En réalité, c’est un monde qui ne me plait pas, mais où j’ai l’impression de me retrouver. Parce que tout est facile, tout est accessible et le moindre petit problème vous fait sourire. C’est un peu comme si rien ne peut vous atteindre, et tout ça à cause de substances que n’importe quelle personne humaine et saine d’esprit prohiberait. A croire que c’est pas mon cas, parce que parfois j’aime bien ce genre de facilité. Quand j’ai vraiment l’impression d’être paumée et de chercher une sortie de secours que je ne trouve pas. J’ai l’impression que c’est un peu la corde qui m’aide à sortir d’un puit où j’ai aucune chance de remonter. Peut-être qu’au final c’est un signe de lâcheté, ou juste le signe d’une fille qui manque de repères. Alors quand je pense à tout ça, je ne peux pas m’empêcher de me dire que le hasard n’a rien à voir avec la vie d’une personne. On est maitre de nos choix, mais surtout de nos malheurs et nos bonheurs. Peut-être que si j’avais essayé de garder contact avec mon père, et si j’avais osé lui demander pourquoi il avait préféré ses études à moi, qu’aujourd’hui ma vie serait différente. Peut-être que j’aurais compris pourquoi, peut-être même que je l’aurais accepté et qu’aujourd’hui, nous aurions une relation à peu près normale. Que je connaitrais ses goûts, ce qu’il aime et surtout que lui me connaitrait. Il faut savoir franchir des obstacles, tomber et savoir se relever, avoir peur, foncer, s’ouvrir pour une vie meilleure. Et qu’importe le temps qu’il faut. En fait, que ça nous plaise ou non, on est juste maitre de notre propre destin du début jusqu’à la fin. Ce matin, lorsque j’ai choisi d’aller avec ma mère à cet évènement, j’étais aussi maitre de mes choix. Et j’ai fait ce choix-là. Ma vie prend le tournant qu’elle doit prendre, ici de revoir ce gars que j’ai rencontré dans un hôtel parisien. Il m’avait déjà sortie de l’ennuie une fois, à croire que sans le savoir, j’ai été attirée tel un aimant. Alors lorsque je suis là à chercher le moindre sourire m’indiquant qu’il n’y avait rien de sérieux dans ses dires, tout était remis en question  « Ben oui. Fin pas ici dans ta cuisine à couper des fruits, mais oui. D’ailleurs à mon avis je vais bientôt t’abandonner pour aller enfiler ma jolie robe et terminer la soirée là-bas » Jusqu’à maintenant, j’avais gardé un sourire visible sur les lèvres. Ici j’essayai de ne rien laisser paraitre, pas même le fait qu’il m’avait un peu offusquée avec sa question. Ou que je l’avais simplement prise au premier degré. Malgré tout, je ne voulais pas me montrer froide ou simplement montrer que j’avais un tempérament impulsif, mais oui, j’avais mon caractère et je montais vite dans les tours. En fait, je ne savais même pas si on se reverrait après cette petite collaboration. Peut-être que c’était les dernières minutes que j’allais le voir, lui parler et qu’après, on serait repartis pour ne plus se croiser. D’un ton beaucoup plus sérieux, avec un peu d’inquiétude dans la voix, je lui demandai « Tu sais comment ça va se passer après ? Enfin je veux dire, toi tu vas passer ta soirée ici ? Dans cette cuisine ? Ou bien après votre service vous allez dans la salle pour profiter un peu ? » C’était une question tout à fait innocente. Du moins c’était ce que je me forçais à croire et à laisser paraitre. Peut-être que je voulais juste savoir comment composer.

Visiblement, Pierre et moi n’avions pas la même notion du mot prélasser. C’est sûr que sur le temps qu’il avait fini de couper 5 fraises, moi j’en avais fait une. Mais lui il a l’expérience et il est à l’aise. Moi c’était pas ma tasse de thé, mais malgré tout, je mettais la main à la pâte. Certes, je parlais beaucoup aussi, mais ça ne m’empêchait pas de couper « Pas du tout. Tu veux que je me prélasse ? Attends. Attends. » Je posai le couteau sur le plan de travail, m’en éloignai et m’approchait de la fenêtre que j’ouvrais. Aussi, je libérai ma crinière de l’élastique qui les retenait attachés et sur l’appui de fenêtre et m’y installai pénarde, essayant de chopper les deux ou trois rayons de soleil encore timide de la saison « En fait, t’as raison, je vais me prélasser. C’est bien mieux que de couper tes fruits » Je restai à peine une minute dans cette position avant de rejoindre le jeune homme « Bon, c’est bien parce que j’ai pitié de ta masse de travail que je reviens t’aider. Mais tu devrais te prélasser de temps en temps, tu verrais tu y prendrais goût et même les fruits ne pourraient pas rivaliser » A nouveau je repris le travail et malgré tout, les piques commençaient à fuser. Il sautait sur l’occasion pour répondre aux miennes. Et alors que ma super démonstration sur la mocheté de la peut-être nana qu’il avait loupée si je n’étais pas venue, je ne m’attendais pas du tout à ce genre de réponse. Moi j’avais plutôt l’habitude qu’on me drague, sauf que lui il faisait tout le contraire. C’était un comportement dont je n’avais pas l’habitude et avec lequel je devais jouer pour garder toute crédibilité « Evidemment que je suis belle. Tout le monde le dit, sauf toi évidemment. Mais je n’en attendais pas tant venant de ta part, donc ça va, je ne suis pas trop déçue. Je m’en remettrai » Ou peut-être que si en fait. J’essayai surtout de cacher qu’il ne venait pas de me déstabiliser avec sa pique sur la beauté. S’il y avait bien une chose sur laquelle les femmes étaient sensibles, c’était bien ça. Elles aiment qu’on leur dise qu’elles sont belles et non pas que l’on remette en doute leur beauté ou leur personnalité « Je suis sûre que si je demande à un de tes petits collègues, qu’il dira que je suis jolie. Chiante, mais jolie. » Peut-être aussi que je n’étais pas à son goût. Il les préférait peut-être blondes, plus grande et plus bimbos et superficielles « Ah mais je sais, toi t’aimes le style Kardashian. Tu sais, les seins gonflés à bloc, la bouche refaite, un cul aussi gros que celui de Niki Minaj etc. C’est ça ? Dis-moi que c’est ça. » C’est sur que si c’était le cas, j’étais loin de rentrer dans le moule. J’avais pas une poitrine à en étouffer le premier qui osera s’approcher de trop près, et j’avais pas non plus des fesses tellement grosses qu’il était impératif d’avoir un siège de deux places pour espérer entrer dedans. Et je n’exagérais même pas.

Pierre avait raison, si lui jouai sur les pistes plus dangereuses, je le faisais aussi. Peut-être même que j’avais lancé les hostilités, et lui avait continué. Il continuait encore et malgré tout, j’en faisais de même. Comme si on avait besoin de ça pour arriver à communiquer, ou à trouver quelque chose à dire. Peut-être était-ce une technique aussi, afin de voir ce que l’autre pensait vraiment. J’en savais trop rien et j’avais du mal à me sentir recadrée par de quelconque règles concernant ce petit jeu, mais j’aimais bien et je voulais continuer à jouer. Juste comme ça, pour voir jusqu’où on était capable d’aller. Lorsqu’il me parla de ma mère, je souris. Il ne la connaissait pas assez pour oser penser ça. Parce qu’elle n’était pas ce genre de femme à oser mettre sa fille quelque part où il n’y avait que des hommes dans l’espoir que ça me motive. Elle aurait sans doute préféré un atelier 100 % féminins. Ou bien elle s’était fiée au fait que les gars présents ici étaient tous un peu plus âgés que moi pour que je veuille faire autre chose que ce qu’on m’avait demandé. Comme parler avec Pierre de tout et de rien, mais surtout de rien « Ah ben là c’est mal la connaitre. Elle sait très bien que j’ai un problème avec l’autorité. Mais d’un autre sens, sans le vouloir, t’as un peu raison. » Autrement dit, lui avait réussi à me faire travailler, sans même me le demander. En fait je m’étais mise au travail directement. A ma vitesse d’escargot, qu’on se le dise bien, mais n’empêche que la volonté était là. Si Pierre n’avait pas été là, leurs fruits ils se les seraient probablement foutu là où je pense. Ou bien ça se serait terminé en salade de fruits. Au choix « On va dire que tu sauves les meubles quoi »

Cette histoire de trois ans était totalement malade, comme le soulignait Pierre. Et j’étais totalement folle de croire que tout ça, était écrit, que c’était programmé. En fait je ne savais même pas si j’y croyais vraiment, mais ça n’empêche que c’était bel et bien arrivé. Si je voulais le refaire, je me prendrais un mur ou bien un ticket d’entrée dans un hôpital psychiatrique « Ben imagine si j’arrive à le séduire et à l’intéresser au point qu’il y croirait et espérerait vraiment ? C’est possible non ? Vous les mecs parfois vous êtes tellement collants… Avec un peu de mystère, je suis sûre que j’y arriverais. » n’empêche que j’avais pas forcément envie d’essayer. Est-ce que c’était preuve que je n’y croyais pas ? En fait, j’avais déjà du mal à me dire que c’était possible avec Pierre et pourtant, il était bien là en train de se foutre de moi depuis un quart d’heure. Il me lançait des piques et moi je répondais et entre mes doigts j’avais des fraises et un couteau. Ce que je n’aurais jamais cru possible avant, puisque avant aujourd’hui, je n’éprouvais aucune once de respect pour ces fruits-là. Le problème qui se posait maintenant, c’était que lorsqu’il me répondait « peut-être » à ma question qui était de savoir s’il trouverait ça con que je parte sans rien lui donner de moi pour me joindre à nouveau, je ne savais à nouveau pas comment le prendre. Je ne devais pas le prendre mal, ni bien. Parce que ce n’était pas vraiment un oui ni un non. C’était un peut-être. Et puis il y avait aussi le fait qu’il me mettait dans le sac. Et qu’il fallait à mon tour que je l’admette, ou pas « En fait quand je suis partie de cet hôtel à Paris. J’ai trouvé ça dommage, mais d’un autre côté je vivais à Malaga et toi en France, donc au fond, à quoi ça m’aurait servi ? Je n’ai plus jamais remis les pieds en France après ça. Alors oui, c’était dommage mais je m’en foutais un peu parce que je n’en voyais pas l’utilité. Puis là t’es là après trois ans, dans un pays où j’étais certaine de ne connaitre personne. Il y avait une chance sur un million pour que j’accepte d’accompagner ma mère ici et pour qu’en plus je me retrouve à couper des fraises. Alors c’est vrai que je trouverais ça con.» Un léger sourire sur mon visage, une façon de lui dire que oui, je trouverais ça dommage et peut-être même que j’allais râler une bonne partie de la semaine si vraiment ça venait à se passer comme ça. Alors pour ne prendre aucun risque, j’attrapai un feutre que je trouvai sur un plan de table un peu plus loin et une serviette sur laquelle je notais mon numéro de portable. Je la pliai ensuite en quatre et la glissai dans la poche de son pantalon, sans aucune gêne. Après tout, il avait les mains occupées « Comme ça tu pourras pas dire que t’avais pas mon numéro et si jamais on ne se revoit pas avant trois ans, je pourrais t’en vouloir parce que ce sera uniquement ta faute »

C’était facile de changer de sujet, surtout pour ensuite retomber sur Londres. C’était le seul point commun qu’on avait actuellement. On vivait désormais dans la même ville. J’avais décidé dès mon arrivée ici que j’allais détester cet endroit. Jusqu’à présent, je tenais ma parole puisque je n’avais pas encore trouvé de point positif à cette ville. Les gens n’étaient pas forcément les plus accueillant. Il faisait froid, il pleuvait et si ma mère semblait s’adapter à cette ville, moi je me soupçonnais être génétiquement conçue pour n’aimer que les pays chauds et surtout, que l’Espagne. Quoi que l’Australie, je pense que j’aurais réussi à m’y faire. Pierre essayait de me persuader que cet endroit n’était pas aussi désastreux que je ne voulais le penser, ni déprimant « Ben c’est pas la même mentalité. Les gens sont moins froids en Espagne. Ici c’est très carré, j’aime pas trop. Et la neige, c’est sympa un jour ou deux, mais après ras-le bol quoi. Mais j’imagine que j’arriverais à m’adapter. Tout est question d’adaptation, pas vrai ? » En lui posant cette question, je cherchais à ce qu’il me rassure. Peut-être qu’en fait c’était juste un problème personnel. Que tout ça n’était uniquement dû avec le faite que je vivais chez mon père et que je n’avais pas cette relation père/Fille qu’aimeraient avoir n’importe quelle fille. Il me sorti de mes pensées avec une question. Une question à laquelle je ne savais pas vraiment quoi répondre. Ce que je faisais ? Bonne question en fait. Peut-être que j’essayai de me trouver justement, que j’essayai de comprendre ce que je voulais vraiment dans la vie. Mais ce n’était sans doute pas le bon endroit pour parler de ça. Peut-être qu’il n’était pas non plus la bonne personne « Ce que je fais… Je suis à la fac en architecture » Probablement qu’il ne s’imaginait pas que c’était ce que j’aimais dans la vie. Avec plein d’autres choses en fait. Mais pour le moment, c’était un peu comme si je m’en fichai pas mal de l’école. Depuis que j’étais là, j’essayai surtout de fuir plutôt que de m’y intéresser « Et je dessine. C’est un peu ça ma bulle à moi. Le dessin. Je fais des planches de BD à mes heures perdues. » Peut-être aussi que je devais lui dire que la lecture était un de mes passe-temps favoris, mais de peur de paraître un peu ringarde, je m’en arrêtai là.

Contrairement à lui, moi je pensais qu’il pouvait se vendre avec son chocolat. Bon, peut-être pas qu’avec ça non plus, parce que ça restait une arme à double tranchants. Il pouvait aussi attirer toutes les gourmandes du coin et se retrouver avec des filles excédent en kilos superflu « Alala, le langage des femmes, vous avez du mal avec ça vous. Si une femme vient à ta boutique et te dit qu’elle ne veut pas de chocolat ou autres parce qu’elle a des kilos à perdre, c’est juste une perche pour que tu lui répondes « mais non, vous êtes parfaite comme ça ». Ca c’est un truc de fille tu vois. Parce que sinon, à quoi ça sert d’aller dans une pâtisserie ou une boulangerie si on ne veut pas de sucre ? Regarde, moi, j’men fiche pas mal de manger du sucre ! » En même temps j’étais loin d’avoir des kilos à perdre, je ne suis pas une grosse mangeuse, mais je n’avais pas à faire attention à ma ligne. J’avais la chance d’être mince et de ne pas grossir facilement telle une femme enceinte. Certaines personnes mettaient ça sur le compte de la génétique : mes parents sont des personnes relativement minces et pas non plus petites. Sauf que moi, les centimètres ils se sont perdus en chemin. Quant à l’uniforme, c ‘est vrai qu’on est toutes sensibles à ça. Un homme habillé d’un uniforme de militaire, de policier ou encore de barman avait son charme. Mais tout ça, c’était le petit plus qui faisaient qu’ils étaient plus séduisants, plus sexy. Pierre était sexy en costume de barman et peut-être même que j’en venais à le regretter. Après, sa tenue de pâtissier c’était pas mal non plus, mais un autre genre « C’est pas un mythe, c’est sérieux. C’est un peu comme une fille qui porte une jolie robe moulante pour une soirée. Ca vous plait non ? C’est le petit plus de cette même fille habillée d’un jeans et d’une blouse que vous trouveriez simplement jolie. » Ce n’était pas vraiment pareil, quoi que peut-être. En fait j’en savais trop rien, parce que dans leur travail, j’étais pas certaine qu’une fille habillée en militaire était si sexy que ça. Peut-être les hôtesses de l’air, et encore « Je crois que t’aimes pas les compliments. Ou bien t’es pas habitué parce qu’on t’en fait jamais. » Si j’avais voulu le mettre encore plus mal à l’aise, je n’aurais pas eu beaucoup à rajouter dans mon exclamation. C’était le problème avec moi, j’étais parfois trop franche, à dire tout haut ce que tout le monde pourrait penser tout bas : moi je pensais tout haut « Libre parce que tu voyages, tu t’en fiches un peu de savoir si tu vas pas manquer à tes potes, si tu vas pas briser des cœurs ou simplement ne plus rendre de compte à personne. Tu vis pour toi. » Cependant, ce que je pouvais retenir dans sa question, c’était qu’il était seul. Ou célibataire. C’était ce que j’avais compris, une information que je comptais bien garder dans un coin de ma tête. Je ne risquais pas de voir débouler Madame à un moment ou à un autre de la soirée.

Mes questions avaient fusé et lui il y répondait docilement. Moi, j’écoutai ses réponses avec beaucoup d’attention, tout en continuant ce que j’étais en train de faire « raconté, ça a l’air si simple. Et pourtant moi je ne suis même pas sûre que j’ai vraiment envie de faire de l’architecture plus tard. J’aime bien, mais peut-être pas au point d’en faire un métier. Je sais pas trop. Mais c’est cool si t’as trouvé ta voie. Au moins tu t’appliques et tu as une motivation quand tu te lèves à toutes les heures au matin.» J’avais déjà entendu que les pâtissiers devaient se lever assez tôt pour commencer à travailler. Je ne sais pas si c’était un mythe ou pas, mais j’imagine qu’il y avait une part de vérité là-dedans. Lorsque je pris les poire et que j’entamai une espèce d’envahissement de territoire pour récupérer mon couteau, je n’avais pas non plus hésité à lui souligner que j’étais relativement encombrante. Que ce soit ici ou dans la vie d’une personne, j’étais ce genre de fille qui pouvait prendre beaucoup de place et qui demandait beaucoup d’attention malgré tout « Je mettrais ça sur le coup d’un acte volontaire de ta part. » lui lançai-je avec une pointe d’humour dans la voix « C’est sûr que si tu venais à me couper le doigt, tu pourrais faire une croix sur cet événement. » Connaissant ma mère, qui était presque autant impulsive que moi, elle n’apprécierait pas qu’on amoche sa petite fille chérie. Ensuite, je commençai à nettoyer les poires toujours sous les piques de Pierre que je menaçai à mon tour d’arroser avec de l’eau « Tu l’aurais cherché. Mais okay, je reste tranquille. Juste pour ton salaire hein. Et j’ai l’espoir que tu dises à ma mère que j’ai été un commis remarquable pour qu’elle soit tentée de me payer aussi. Ca te va ? »  Tous les deux concentrés sur son travail, je n’ajoutai rien d’autre. Ca devait être le seul moment de silence qu’il y avait eu depuis mon arrivée. Mais Pierre le brisa avec une question lui aussi. Une question piège à mon sens. En l’entendant, je m’arrêtai dans mes gestes et levai les yeux vers lui, à la recherche d’une réponse « parce qu’en une après-midi, t’as réussi à faire plus que certains en un an ». C’était une réponse assez vague, mais j’avais pris le temps de réfléchir à ce que je devais lui répondre, et encore une fois, ma franchise avait pris le dessus. Je ne visais personne et tout le monde à la fois. Ou juste l’une ou l’autre personne. Alors oui, j’avais l’impression que Pierre avait fait plus que certains en l’espace d’une après-midi à couper des fruits et pour ça, j’avais envie de « encore ». Je voulais en savoir plus. J’avais besoin de m’accrocher à quelque chose de concret et de complet. A des informations, comme à des gardes fous.




 
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() message posté Lun 30 Jan 2017 - 19:50 par Invité
Wherever I go, you are the gost in the room
Pierly
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Je vois que mes paroles ont un peu dépassé ma pensée. A vouloir pas trop en dire je crois que j’ai fini par la vexée. J’hésite quelques secondes sur la démarche que je dois suivre. Je n’ai pas envie de la blesser par jeu, et en même temps je ne peux pas lui promettre d’être disponible toute la soirée pour elle. Je suis là pour travailler tout de même, et je doute que sa mère me paye pour être babysitter au final. Le fait est que ça ne me ferait pas de mal de passer une soirée à m’amuser pour changer, et là je n’ai pas besoin de me traîner dehors parce que j’y serais déjà. Cependant je ne sais pas vraiment ce qui a été prévu pour nous, et la soirée finira sans doute tard du coup même si après je suis disponible peut être qu’elle ne le sera plus. Bon demain c’est dimanche, en soit personne ne travaille, pas même moi étant donné que j’assure la soirée de ce soir.
J’essaye donc de tenter de lui sourire, pour la dérider un peu.
J’ai l’impression que c’est pour ne pas se laisser démonter qu’elle rajoute qu’elle devra bientôt partir. Pour s’habiller. Ce n’est que maintenant que je regarde comment elle est habillée, c’est vrai que ça ne semble pas adapté à la soirée qui va se dérouler ce soir. De ce que j’ai compris il y avait un dress code, même nous, nous devions être impeccable. Comme Lilly je me changerais plus tard. Cependant il reste encore pas mal de temps avant que tout soit prêt.
« -Le prend pas mal Lilly… C’est juste que je ne sais pas combien de temps je pourrais t’accorder pendant le service. »
J’essaye de conserver mon sourire, pour lui montrer que je suis sincère. Il faut souvent marcher sur des oeufs avec les filles, et ça c’est quelque chose que je ne maîtrise absolument pas. J’ai tendance à dire les choses comme je le pense, et les conséquences ne viennent que plus tard. Du coup il faut souvent que je trouve des pirouette pour me racheter.
« -Tu pourras toujours venir me donner un coup de main si tu veux. »
J’ajoute ça avec un clin d’oeil histoire d’avoir un sourire en retour aussi. Je n’aime pas l’idée que je puisse l’avoir blessé avec mes propos. Je n’ai plus envie de blesser personne, même si je sais que c’est impossible. On ne peut pas plaire à tout le monde c’est un fait. Cependant je ne trouve pas que ça soit quelque chose de facile à assimiler alors j’essaie de faire de mon mieux.

Après m’être assuré que ça allait mieux, je retourne à ma découpe.
Elle me demande si je sais comment ça va se passer ce soir du coup. Je réfléchis quelques secondes, la patronne, la mère de Lilly, ne nous a rien dit sur le sujet. Mais si il y a bien quelque chose que je sais c’est que je serais en salle une partie de la soirée à servir les gens au niveau des desserts. Ca permet de toujours vérifier que tout soit présentable, et aussi que la table soit toujours approvisionné.
« -Je serais en salle quand on lancera le repas, et jusqu’à la fin du service. Après je ne sais pas trop, ça dépend de ta mère, elle ne nous a rien dit sur le sujet. Tu as peur de t'ennuyer si je ne suis pas là ? »
Je demande ça innocemment mais ça n’empêche que je me moque un peu d’elle au passage. Je pense qu’elle est très capable de s’occuper seule, et qu’elle n’a pas besoin de moi, mais elle m’a quand même posé la question, c’est que la réponse l'intéresse non ?
« -Enfin, peut être que tu trouveras quelqu’un de plus intéressant que le pâtissier pour passer la soirée un fois que tout le monde sera arrivé. »
Je sais qu’un air espiègle anime mon visage. Je me demande qu’elle pourrait être sa réponse à cette question directe. Je sais que ce n’est pas mon genre d’attaquer ouvertement, mais pourquoi pas, après tout elle, elle ne se gêne pas.

La répartie est facile quand elle me dit qu’elle dit qu’elle pourrait facilement me montrer comment elle se prélasse. Elle va beaucoup moins vite que moi dans la tâche qui lui incombe. En même temps c’est normal, et heureusement que je vais plus vite, sinon je devrais rendre mon tablier. Du coup ça me fait quand même un prétexte pour me moquer d’elle, juste un peu. Elle réagit du tac au tac, ne manquant pas de me faire rire par la même occasion. Je la regarde poser tout ce qu’elle a dans les mains pour aller se poser sur la fenêtre qu’elle vient d’ouvrir et détachant par la même occasion ses cheveux. Pour tout naïf que je suis la manoeuvre ne passe pas inaperçu. D’ailleurs il suffit de regarder autour de nous pour voir que les garçons ont levé la tête pour suivre son manège. Pour beaucoup il la dévore des yeux. Moi je me contente de lever les yeux au ciel amusé.
« -Reviens ici tu empêches tout le monde de travailler.»
Sur ces paroles tout le monde retourne à son poste en faisant semblant de rien. Ca aussi ça me fait sourire. Moi je suis la carte de l’indifférence parce que je n’aime pas que mon jeu soit si facilement découvert. Pourtant je sais qu’il ne faudrait pas trop gratter la couche extérieure, parce que rapidement elle comprendrait que ce n’est qu’un masque. Il faudrait être aveugle pour ne pas être sous le charme, heureusement pour moi qu’elle est relativement chiante c’est bien vrai, et que je peux me cacher derrière ça.
Elle revient donc en me disant que je devrais faire comme elle. Je ne sais même pas si j’aimerais ça. Qu’est que je ferais des mes journées si je me prélassais tout le temps ? Je crois que je suis trop actif pour aimer rester là sans rien faire. Je finirais par devenir fou.
« -Tu le fais assez bien pour nous deux. Je me prélasserai quand je serais mort, je n’aurais rien d’autre à faire. »
Non pas que j’ai prévu de mourir sous peu mais c’est comme ça que je vois les choses. La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt, et à ce qui font des activités non ? Les autres ils ne font que la regarder passer sans la vivre. C’est mon point de vue sur les choses, je trouve que les jours où on ne fait rien sont des journées gâchées au profit de la productivité et de la création. Je crois que je ne me rappelle même pas quand était ma dernière grasse matinée.

Je ne comptais pas lui dire qu’elle est belle, je sais que c’est ce qu’elle attendait que je fasse. Loin de moi l’idée de lui donner raison bien que ça reste ce que je pense. Alors je réponds par une question à ses propos. Qui a dit qu’elle était belle ? Sans doute beaucoup de personnes ont eut l’occasion de lui dire, et je sais qu’elle le sait. Elle agit comme une personne qui se sait belle, pourquoi pas d’ailleurs ? Il y a pire comme défaut qu’avoir confiance en soi. J’aimerais être plus comme ça moi aussi, ça m'apporterait peut être de nouvelle chose, et me permettrait d’avancer dans ma vie. Hélas on ne peut pas dire que ça soit vraiment le cas, sur mon physique du moins, car je sais que si on en vient à parler de mon travail, au fil des années j’ai appris à acquérir une certaine fierté. Elle ne se laisse pas démonter pour autant. Attendait elle vraiment à ce que je réponde ça, ou est elle quand même déçue ? Je me pose franchement la question, d’ailleurs il faut que je la lui pose. J’aime bien la titiller pour qu’elle finisse par avouer ce qu’elle tente de cacher. Cependant il s’agît d’être subtil.
« -Peut être que j’ai mauvais goût qui sait ? »
Elle n’a pas besoin que je l’encourage pour continuer d’ailleurs. Je ne doute pas que les autres la trouvent à leur goût. En même temps en général les hommes ne sont pas très compliqués, surtout avec une fille à la plastique comme celle de Lilly. Moi je ne suis pas différent des autres, j’en suis conscient. Cependant je suis beaucoup trop têtu pour lui donner raison.
« -Ravi que tu sois au courant de ce fait ! »
Je parle bien entendu du fait qu’elle soit chiante. Cette fois ci j’ai bien pris le soin de sourire pour ne pas qu’elle se vexe. Je ne sais pas si c’est chiante qu’il lui correspond. Disons qu’elle a besoin de beaucoup d’attention, et du coup si tu t’occupes d’autres choses, elle se fait imposante pour prendre toute la place. Une petite fille qui fait un caprice ? Oui je pense que c’est quelque chose qui ressemble à ça. C’est mignon en soit parce que la conversation se prête assez bien à ce jeu.
Elle continue. Je fais la grimace à ses propos. Le style Nicky Minaj ? Oula non très peu pour moi. Je crois ne pas être compliqué en matière de femme, mais j’aime le naturel. Oui je crois que je cherche plutôt quelqu’un qui me ressemble sur ce point là : simple sans chichi. Une fille qui se préoccupe uniquement de son physique ne pourrait pas me correspondre.
« -Tu essayes de te réconforter ?Mais non désolé de te décevoir je n’ai pas de “style”. »
Je réfléchis encore quelques secondes.
« -Quoi que si je devais choisir je dirais qu’une fille naturelle serait plus à même de me plaire. »
Non je refuse de dire, “une fille comme toi”. Ou alors je dirais “une fille comme toi mais pas toi”. Juste pour l’embêter… Au final je ne dis rien et c’est mieux comme ça, en fait c’est drôle de la voir essayer de trouver des réponses que je refuse de donner.


« -Au moins tu fais quelque chose. Un peu au moins. »
Je ne sais pas si c’est grâce à moi, ou parce que justement tout le monde travaille autour d’elle et donc qu’elle culpabiliserai si elle ne le faisait pas, mais au moins elle a pris un couteau et suit plus ou moins ce que je lui ai montré tout à l’heure.
Donc oui en soit elle a raison : j’ai sauvé les meubles ni plus ni moins. En fait si elle n’était pas là entrain de l’aider, ils ne pourraient pas être entrain de parler puisqu’elle serait là désoeuvrée, et peut être un peu plus intrusive que maintenant. Là son énergie et sa concentration son focalisées un minimum sur ce qu’elle est entrain de faire.
« -Tu penses que je pourrais demander une augmentation pour avoir réussis à te faire faire quelque chose de tes 10 doigts ? »
Bien sûr ma question n’est pas sérieuse, c’est juste un moyen de lui envoyer une pique et non pas de chercher à être réellement augmenté. Même si je suis à la recherche d’argent je suis loin d’être cupide, et intéressé pour demander ce genre de chose. Jamais je n’oserais, ça serait complètement déplacé, et une réelle honte pour moi. Cependant il y a toujours des gens qui osent tout. Lilly a l’air d’ailleurs plus cramponnée que moi pour ce genre de chose. Elle ose poser des questions, ou agir de manière légèrement déplacée. Sa bouille d’ange lui permet d’être pardonnée en tout temps.
Ca ne m’étonnerait qu’à peine si elle arrivait à réaliser ses propos. Séduire l’autre n’est pas forcément la tâche la plus compliqué si un feeling est déjà établi. Cependant je pense qu’il faudrait que le gars en question soit vraiment mordu pour avoir à attendre trois ans pour un quelconque autre signe de vie. Je ne sais pas si je serais capable de le faire.
Quand au fait de dire que les garçons sont collants… Je ne suis pas vraiment d’accord sur ce point. Mais ça fait tellement longtemps que je n’ai pas été en couple, ou même intéressé par une fille que je ne sais pas vraiment si c’est mon genre ou non… Enfin vu que j’ai laissé partir la fille que j’aimais sans rien faire, je suppose que je ne suis pas du genre collant.
« -Oh oui, il n’y a que les mecs qui sont collants… C’est de notoriété publique que les filles ne sont pas collantes, et qu’elles sont parfaites sous tous les rapports. Enfin bon courage si jamais ça te prends d’essayer. »
Pour ma part je ne suis pas sûr de vouloir attendre encore trois ans pour la recroiser. Cependant je ne veux pas lui dire que si. Je ne sais pas pourquoi j’ai autant envie de la contredire, de la charrier, et de la faire tourner en bourrique. Disons que c’est plus fort que moi, ça m’amuse beaucoup, et j’aime ce jeu auquel on joue. Je crois que c’est la première fois de plus longtemps que ma curiosité est autant piquée à vif, ou que je m’intéresse autant à quelqu’un. Ca aussi je vais le garder pour moi, quand on dit ce genre de choses à haute voix ça en général deux conséquences possibles : développer trop l’imagination de l’autre personne, ou alors ça la fait fuir. Pour l’instant je préfèrerais qu’on s’en tienne à rester parler tranquillement.  
A nouveau je l’écoute se faire un petit monologue. Elle est assez drôle à regarder quand elle le fait, notamment sa mine. Elle n’a pas tord sur le fait qu’il était très peu probable qu’on se revoit un jour. Pourtant la vie aime bien se défier des nombres comme dans ce genre d’occasion. Sa conclusion me fait sourire, je suis content de voir que nous sommes sur la même longueur d’onde tous les deux. Peut être que c’est dans l’ordre des choses. Peut être que si ça n’était pas le cas nous ne serions pas en train de parler autant. Bon d’accord moi je ne parle pas tant que ça, je laisse au soin de Lilly de faire la discussion et de poser les questions. Elle se débrouille beaucoup mieux que moi sur ce point je trouve.
« -Tu ne peux donc déjà plus te passer de moi ? »
Je relève les yeux vers elle, persuadé qu’elle trouvera quelque chose à me répondre qui me remettra à ma place. Mais je suis assez curieux de voir les émotions passer sur son visage quand elle aura enregistré ce que je viens de dire.
Cependant je ne m’attendais pas à ce qui suit, et là je dois dire que c’est moi qui suis prit au dépourvu. Je la regarde faire son petit manège. Prendre le feutre, écrire sur une serviette en papier, puis se rapprocher dangereusement de moi pour mettre le dit papier dans ma poche. Je suis tellement interloqué par son geste que je n’ai absolument pas bougé, je me suis juste arrêté dans mon geste, la regardant les yeux ronds. La petite ne manque pas de culot on peut le dire, mais une fois le choc passé je me met à rire.
« -Très charmante façon de me dire de t'appeler, faut que je la garde en tête celle là ! »
Je ne suis pas sûr pour autant d’avoir le culot de faire ce qu’elle vient de faire. Je sens le papier assez épai plié dans ma poche. Si son idée est de marquer les esprits je pense que c’est réussi ! Toujours est il que maintenant je n’ai aucune raison pour ne pas le faire. C’est assez clair comme démarche en tout cas, je crois que la seule autre façon de me pousser à la recontacter serait qu’elle me le demande directement. Bizarrement je doute qu’elle le fasse.

Ah Londres ! J’aurais pensé que les filles aimaient cette ville elle est connu pour être l’un des endroits où faut aller pour faire du shopping ! La ville n’est pas horrible en soit, mais c’est vrai qu’elle est quelque peu austère, souvenir du temps d’une autre reine. Les gens cependant sont assez hauts en couleur quand on enlève les vieux grincheux de la vieille école. Je pense qu’il y a pire endroit pour s’établir que celui là. Je pense sincèrement que les gens avec qui nous sommes font plus que le lieu, pour moi ce qui m’importait en venant ici était de rester proche de la seule famille qui me reste aujourd’hui. J’ai l’impression que les opportunités sont nombreuses ici, je pense ne pas m’en sortir trop mal.
« -C’est juste que tu n’as pas encore trouvé ce qui te ferait aimer la ville. Peut être que quand tu trouveras tu ne voudras plus jamais repartir ! Pour ce qui est du froid… Je suis suisse, j’en connais un rayon sur le froid, ça n’est qu’une saison, ça va passer. »
Le froid ne m’a jamais dérangé, je m’adapte assez bien à mon environnement extérieur. Il m’en faut plus pour me mettre à râler après le temps. Moi éternel optimiste ? Non, j’ai juste appris à trouver des bons côtés à tout, parce que sinon on devient fou.
En plus Londres il y a différentes façon de l’apprécier, à chaque période de notre vie va un lieu, des activités ou des gens. C’est une des raisons du pourquoi je lui demande à quoi elle occupe ses journées. Etudiante ? C’est bien ce que je me disais, donc je suppose qu’elle doit bientôt avoir fini, parce qu’il me semblait que c’était déjà le cas il y a 3 ans. Et franchement elle ne me semble pas assez patiente pour faire des études qui durent 10 ans. Je peux toujours me tromper bien entendu.
C’est ainsi que j’apprend qu’elle est en architecture, et avant que j’ai eut le temps de répondre elle rajoute qu’elle fait du dessin aussi. *
« -Ah oui ? C’est à cause du dessin qu’on a décidé -mon frère et moi - de venir à Londres, il a eut une bourse pour une fac spécialisée. Faudra que tu me montres à l’occasion, maintenant que j’ai ton numéro tu ne pourras pas y couper ! »
Mais qu’elle grande menace tu lui fais là Pierre ! Tu lui donnes justement ce qu’elle t’as demandé il y a quelques minutes. Enfin si le message que j’ai compris quand elle a mit son numéros dans ma poche était bien celui de l'appeler. Parce que comme elle le souligne moi et le langage des femmes ça fait deux.
« -C’est parce que tu es parfaite ! »
D’accord là je suis ai dit ce qu’elle voulait entendre à la différence près que mon air, et mon ton sont vraiment ironiques. En même temps elle me tend des perches, je serais fou de ne pas les prendre ! Bien sûr ça reste bon enfant, et j’ai toujours un peu peur qu’elle ne se vexe avec toutes les piques que je lui envoie.

« -Franchement je ne suis pas du genre à fantasmer sur la robe la plus courte qui peut passer. Mais je dois être anormal de toute façon. »
Est ce que je suis du genre à fantasmer ? Je n’en suis pas sûr, je suis assez réservé il faut le dire, j’ai plutôt l’habitude des catastrophe quand il s’agit des filles, alors c’est vrai que maintenant j’ai tendance à être sur la réserve et à jouer en touche. Je n’ai pas assez confiance en moi pour attirer une fille qui soit à l’aise au point de limite se trimbaler nue dans la rue. Enfin je ne suis pas entrain de dire que le physique ne rentre pas en compte quand il s’agit de s’intéresser au sexe opposé…
« -Touché. »
Je ne peux que m’avouer vaincu quand elle me dit que je ne sais pas comment réagir aux compliments. C’est vrai que ça me met relativement mal à l’aise et que je préfère les éluder par une autre remarque. Perspicace donc, je rajoute ça à côté de chiante.
« -C’est que j’en fais pas assez pour en recevoir… »
Ca je suis sûr qu’elle ne tardera pas à dire que c’est bien vrai. Et pourtant ce n’est pas la vérité. Je ne suis pas avare de compliments, je n’aime pas qu’on vienne les réclamer, je trouve que ça manque d’un naturel crucial.

La questions sur la liberté, m’a laissé légèrement perplexe. Il y a beaucoup de sous entendus qui peuvent être faits à partir de ça, tout comme il y a différences entre les différentes libertés. Enfin là je suppose que c’est plutôt la liberté de faire ce que je veux.
Je lui demande plus de précision, et je me retrouve devant la vérité telle qu’elle est. Elle n’est pas forcément très belle d’ailleurs. Si je ne rend de compte à personne c’est parce que j’ai tout quitté, et parce que je ne m’attache à personne. J’ai été blessé la dernière fois, et maintenant j’ai peur. Les gens que j’aimais ont été ceux qui m’ont fait le plus de mal dans ma vie. Du coup là pour moi c’est dur de sourire, et de rester léger
« -Tu sais ça n’a pas que des bons côtés, ce n’est pas plus mal d’avoir un port d’attache. Un endroit qu’on appelle maison, et des gens à qui l’on manque. Être libre n’a pas que des avantages… »
Je parle autant pour elle que pour moi. Hélas les faits sont là et aujourd’hui je ne suis pas sûr de pouvoir mener une vie différente, car ce n’est pas dans mes capacités. Je ne pourrais jamais retourner chez mes parents, je suis parti, et c’était définitif.
J’essaye pourtant que ça ne me plombe pas le moral, et que ça ne jette pas un froid sur la discussion, je n’ai pas envie de l’embêter avec mes histoires, qui sont loin d’être marrantes.
Du coup j’enchaîne avec l’histoire du pourquoi la pâtisserie. Elle semble admirative, presque jalouse de ce que j’ai put accomplir jusqu’ici. Je ne me sens pas hors norme d’être là où j’en suis aujourd’hui, ça a été des opportunités surtout que j’ai eu la chance d’avoir. Mais en un sens oui j’ai trouvé ma voix et c’est vrai que je peux m’estimer heureux de ça.
« -C’est vrai que c’est pas avec ce métier que tu peux faire des grasses matinées… Ou même te prélasser.  »
Petit rappel à ce que l’on disait plus tôt. Elle ne semble pas avoir encore trouvé sa voie, mais je pense que ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne trouve sa place. Du moins je l’espère.
« -Tu finiras par te faire un trou, attend d’avoir fini tes études. Ou pas d’ailleurs, qu’est qui te retiens de changer de voie ? »
Ma question est sincère, il ne faudrait pas qu’elle se retrouve coincée dans un carcan. Dans une filière qui ne lui correspond pas. Bien sûr les études ça doit être lassant à force, mais ça je ne le saurais jamais parce que je ne me suis pas frotté aux études.


Lilly ne se gêne pas pour tenter une nouvelle attaque physique. Je finis donc par la menacer de finir avec ses doigts sous mon couteau. Ca serait embêtant tout de même, ça risquerait de mettre du sang partout et ça serait un calvaire à nettoyer.
« -C’est bien connu qu’un de mes passes temps préférés c’est de couper les doigts des gens ! En fait tu me prends pour un monstre c’est ça ? »
Je réponds sur le même ton qu’elle, pas sérieux le moins du monde. Du moins j’espère qu’elle ne me considère pas vraiment comme tel.
« -Tu voudrais donc que je mente à ta mère ? Je sais pas si ça va pas jouer contre moi… »
On aurait eut 15 ou 20 ans de moi, je lui aurais sans doute tiré la langue. Mais en tant qu’adulte c’est quelque chose que je ne dois pas faire.
Finalement ça redevient calme autour de nous. Nous arrêtons de parler, et comme nous étions les seuls à le faire il n’y a que le bruit des instruments.
Finalement je m’octroie le droit de lui poser une question. Pourquoi toutes ses questions ? Qu’est que ça peut lui apporter. La réponse qu’elle me donne ne me satisfait pas. Cependant je n’ai pas le temps d’en demander plus parce la porte s’ouvre à nouveau laissant entrer une femme brune. Sans doute la mère de Lilly. Je suis frappé de constater à quel point elle est jeune, je n’avais pas fait attention plutôt. Elle s’avance vers notre poste, et s’adresse directement à sa fille.
« -Lilly tu peux aller te changer si tu veux, il y a une salle de bain à l’entrée. »
Quand elle relève les yeux vers moi je lui souris, mais ne fait aucun commentaire, retournant au découpage de mes poires qui s’achève bientôt.
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