growing up and other lies. (swan)

Swan est planté là, figé dans le temps, l’éternelle même scène se jouant encore et encore dans sa tête. Elle tourne et tourne comme un vieux disque rayé, enraille tous les rouages de son esprit, ne laissant plus qu’un pantin au milieu d’un salon vide. Et c’est le néant. Malgré la déception, malgré la douleur, y’a rien sur son visage. Ce n’est que lorsque son portable vibre qu’il s’éveille. Il cligne des yeux, balaie les alentours du regard à la recherche d’un réconfort, de sa présence mais autour de lui, c’est le silence. Elle est partie. Elle lui a dit « j’ai trouvé mieux, c’est fini, j’préfère te quitter » et elle s’en est simplement allé. Swan, il n’a rien compris, il croyait que ça marchait, elle ne lui avait jamais dit « je t’aime » mais elle lui avait montré que si. Avec toute la peine du monde, il attrape son téléphone qui continue de gigoter dans tous les sens et décroche sans avoir fait attention au nom inscrit sur l’écran. A l’autre bout du fil, c’est sa meilleure amie. Et elle commence à lui raconter sa vie sans s’arrêter, elle déblatère un nombre incalculable de conneries, qui en temps normal lui auraient dessiné un sourire idiot sur le visage mais qui le laissent cette fois-ci complètement de marbre et qui ne parviennent même pas à l’intéresser. Pas cette fois. Il ne bronche même pas lorsqu’elle l’engueule parce que c’est « la quinzième fois que j’t’appelle putain » et que ça se fait pas parce qu’il ne répond pas. Elle ajoute que ça se fait d’autant moins s’il était avec sa copine parce qu’ils sont potes et qu’avant l’amour, l’amitié primera toujours. Et c’est drôle parce qu’elle est bien la première à l’oublier quand elle est amoureuse mais Swan ne dit rien. Il voudrait l’arrêter dans son monologue, lui demander de ne plus jamais la mentionner dans leur conversation, lui dire comme il vient de se faire quitter, comme il est encore chamboulé. Il voudrait lui dire que bordel, il avait réussi à l’oublier mais que comme avec les autres, elle a fini par se barrer. Il voudrait pleurer et hurler fort, si fort qu’il lui exploserait les tympans mais à la place, il reste muet. Elle le questionne sur son mutisme mais y’a rien à faire. Swan n’est plus là. Il ne l’écoute plus depuis longtemps, perdu dans ses mille et une émotions qui se mélangent dans son esprit, qui chamboulent et tyrannisent son cœur. C’est la révolution en lui, et la nausée commence à monter alors il finit par bouger. Il se laisse tomber sur son canapé, passe une main sur son visage, encore abasourdi par la rupture qu’il vient de vivre. « Qu’est ce qui se passe ? » finit-il par entendre à l’autre bout du fil. Et soudain, il réalise. Elle ne parle plus. C’est le silence. Swan se gratte nerveusement la tête, conscient qu’il va lui falloir y faire face, comme à chaque fois. « J’viens de m’faire baiser. » Et ça aurait pu faire rire sa meilleure amie. Elle aurait trouvé une blague vaseuse à lui raconter, elle lui aurait dit « bordel, j’sais que ça t’arrive pas souvent mais sois pas si chamboulé » mais cette fois-ci, elle n’a rien dit parce qu’elle a compris.