♦ Selyse - " On s'embrouille dans la cuisine, on s'réconcilie sur l'oreiller"

- Maman... Qu'est-ce que tu... J'étais planté là, les yeux écarquillés, la gorge nouée, choqué par le spectacle qui s'offrait à moi. Ma mère et un homme, un autre homme que mon père, son frère en l'occurrence, les deux étaient en train de s'embrasser dans la cuisine. Je n'avais pas réussi à finir ma phrase, je n'arrivais plus à penser correctement, tout se bousculait à l'intérieur de ma tête, comment est-ce possible ? La trahison d'un par son épouse, la mère de ses enfants et de l'autre par son propre sang, mon père était si horrible que ça comme être humain pour avoir à subir ce sort .! Je ne pense pas... Non, il ne le mérite sûrement pas. - Selyse, ma chérie ce n'est pas ce que tu crois, je vais tout t'expliquer ! comment pouvait-elle ? Expliquer le fait qu'elle trompe mon père dans sa propre demeure ? Je ne sais pas, rien ne peut expliquer cet acte. Non, je pouvais pas voir la réalité en face, leur couple allait-il si mal que ça ? Je n'avais rien vu, bien joué maman tu as su bien cacher ton jeu... Je ne savais plus comment réagir, j'avais envie de crier, de hurler de toutes mes forces la forcer à tout arranger, la forcer à apprendre à ré-aimer mon père c'est tout. Les larmes bordées mes yeux, le frère de celui-ci restait silencieux, aucun mot ne sortait de sa bouche, rien, aucune réaction, il venait de détruire toute une famille et le silence était sa seule réplique. - Non maman, désolé ce n'est pas à moi mais à papa que tu dois des explications. Je n'avais envie d'entendre aucune réponse de sa part, du moins je ne lui en laissais pas l'occasion, je tournais les talons et m'enfuyais me réfugier dans ma chambre. Je me sentais tellement seule, délaissée, je n'avais aucun repère, mon frère était parti depuis deux ans déjà et m'avait laissé seule face à ce combat. Allongée sur mon lit, la tête enfouit dans mon coussin qui sentait encore la lessive, je relevais la tête, attrapant mon portable au fond de la poche de mon jean, je faisais défiler les contacts doucement jusqu'à faire apparaître le prénom de mon frère; Konrad. Je mordillais ma lèvre inférieure, hésitante, devais-je vraiment l'appeler ? Lui demander des conseils . Lui dire que rien ne va plus, que j'avais besoin de lui. La sonnerie sonna que deux fois avant de couper, j'avais déjà raccroché.

La procédure du divorce fût lancée, ma mère avait enfin pris son courage à deux mains pour une fois et a fini par dire toute la vérité à mon père, en fait cette mascarade durait depuis plus longtemps que ce que je pensais, ça a été un coup dur pour mon père, il ne s'en est toujours pas remis de cette trahison, il ne veut plus entendre parler ni de l'un ni de l'autre, je le comprends... Tout ça lui était tombé dessus tout d'un coup, il ne s'y entendait pas, ma mère avait fait ses valises et quitté le domicile dans la semaine de l'annonce, sans un mot ni un regard en arrière, laissant un goût amer dans la vie de nous tous. - Papa t'a appelé ? Mon frère était revenu, il avait appris ce qui s'était passé et avait décidé d'être présent pour aider notre père à remonter la pente, il n'était pas allé travailler pendant des semaines, sachant qu'il dirige une entreprise, il a bien failli la perdre, c'est sûrement ce qui se serait passé si on ne l'avait pas poussé à reprendre sa vie en main mon frère et moi. - Oui. Pourquoi toi, tu ne l'as pas fait ? Parce que j'imagine que tu étais aux courantes avant lui non ?!  . Je me rappelle de ce jour où tu m'as appelé et tu as vite raccroché, j'ai vu l'appel en absence de ta part, je pensais au début que c'était une erreur de manipulation mais après que papa m'est tout dit je savais le pourquoi de ce bref appel. Je ne savais pas où me mettre, j'avais juste envie de creuser un trou et de m'y enterrer comme une taupe. Il avait donc vu que j'avais essayé de le joindre ce jour-là... Mon frère et moi n'étions pas vraiment proches, on ne la jamais était d'ailleurs, il est plus âgé que moi d'un an seulement et pourtant rien n'y fait, notre différence est trop grande. Lui, il a choisi de mener sa vie comme bon lui semblait sans trop se soucier du bon vouloir de nos parents, moi j'étais leur " dernier " espoir en quelque sorte, la petite dernière et la jeune fille-modèle en qui ils avaient mis toute leur confiance, je me devais de leur donner ce qu'ils voulaient et non pas écouter ce que moi je voulais, aujourd'hui je le regrette un peu, ma vraie passion c'est la danse mais, comment dire à son père chef de grande entreprise que sa fille voit son futur en tant que simple danseuse, hein ? C'était absurde, il m'aurait ri au nez et serait parti aussi tôt, je voyais sa réaction de loi, il n'était pas vraiment ouvert d'esprit pour pas dire même hyper coincé. M'enfin revenons à nos moutons, Konrad était debout face à moi, un air strict reflétant les traits durs de mon paternel, au fond il lui ressemblait tellement, même s'il n'a pas eu un parcours remplit de succès, ils étaient semblables. J'étais anxieuse, il me stressait, il m'a toujours impressionné même dans mon enfance, je regardais à droite à gauche, quelques secondes seulement s'étaient écoulés, j'avais perdu les mots, rien ne me venait à l'esprit. - Heu... Je sais pas... Il attrapa ses cheveux de ses mains, soufflant un bon coup, tout montrait que ma réponse ne lui avait pas plu, il n'avait pas l'air de croire en ce que je disais, moi-même je n'y croyais pas alors qui pouvais-je bien tromper ? ! Il était maintenant de dos, admirant la vue de la fenêtre entre ouvrir du salon, un ciel bleu s'offrait à nous, un air frais se glissait dans la pièce, effleurant à peine ma chevelure blonde. - Arrête, arrête Selyse, bon Dieu soit honnête pour une fois, assume ce que tu penses et dis-le ! Soit sincère avec moi et surtout avec toi-même et ne joue pas la gamine. Il avait son air toujours aussi prétentieux, il se pensait au-dessus de moi, un air qui m'avait mise hors de moi ce jour-là, c'était la goutte d'eau qui fît déborder le vase, je serrais les dents, laissant les muscles de ma mâchoire se déployer. - Tu veux que je te dise pourquoi Konrad ? ! Parce que je savais que tu allais me tourner le dos, j'en étais persuadé, tu m'as TOUJOURS tournait le dos ! Tu n'as jamais été là pour moi alors je me suis passé de ton aide comme toujours... J'en ai plus besoin maintenant, c'était avant que j'en avais besoin, plus maintenant Konrad ! Et puis, tu ne m'aurais jamais pris au sérieux tu m'aurais simplement traité de gamine comme tu viens d'le faire et tu m'aurais dit d'arrêter d'inventer des choses pour me rendre intéressante. Voilà. Je tournais en rond en même temps que les mots sortaient de ma bouche, je ne faisais même plus attention à ce que je disais, tout était sortis d'un seul coup. - Voilà, ce n'était pas compliqué petite soeur. Seule réponse qu'il m'a donnée avant de sortir de la pièce, me laissant toute seule, réfléchissant à tout c'que je venais de balancer, rien, le néant...  


J'avais maintenant quitté Sheffield pour Londres, j'avais choisi de partir pour aller à l'université dans une autre ville, c'était un moyen de prendre l'air, mon père s'était remarié, je n'aimais pas beaucoup ma belle-mère et être renfermé dans cette grande maison seule m'avait lassé. Le test de grossesse entre mes mains tremblotantes affichait positif, j'étais enceinte, une envie de vomir surgit d'un coup je me ruai aux toilettes, j'avais mal au coeur, sûrement en rapport avec cette nouvelle loin d'être bonne pour moi, je ne voulais pas d'un enfant, pas maintenant ! J'avais besoin de temps, je ne me sentais pas prête pour ça et puis j'avais encore tellement de choses à vivre encore avec cet enfant je serais bloqué... - Allô ? La voie de mon ex-compagnon raisonnait au bout du fil, aucun bruit derrière lui, il ne devait être chez lui. Je me mordais la lèvre, comment lui annoncer que j'attendais un enfant de lui ? Comment lui jeter cette bombe à la figure ? Peut-être que j'aurais dû attendre d'être face à lui... - Le test il... est positif ! D'abord un lourd silence, un gémissement, la tension était à son maximum, je me rongeais les ongles, n'osant même plus toucher ou même regarder mon ventre sachant qu'un petit être était à l'intérieur maintenant, il ne fallait pas que je m'attache, non, il ne fallait pas, la fin serait trop douloureuse et le doute m'aurait emparé. - Je ne vais pas le garder tu sais... La réaction de celui-ci fût plus rapide face à cette phrase, il avait l'air furieux, il n'était pas du même avis que moi, ce qui m'avait surpris, je n'aurais pas pensé qu'il serait prêt à s'occuper d'un enfant maintenant et surtout avec moi. Notre relation était encore à ses débuts, l'ydile durait depuis cinq mois seulement, on ne connaît encore rien de la personne au bout de cinq mois, on n'aurait pas été compatible peut-être, c'est ce que je m'efforce de croire en tout cas. - QUOI ? Mais tu es dingue, tu n'as pas le droit de prendre cette décision sans moi Selyse ! Je te l'interdis. Il n'avait pas tort, il n'était pas que de moi ce gosse mais pour moi c'était déjà tout vu je ne voulais rien entendre, rien savoir sur le coup, je n'avais peut-être pas pris assez de recul. - Ma décision est prise.