August E. Arlington - Life would be an awfully big adventure

A l’école, l’institutrice m’a donné comme devoir d’expliquer qui l’on est et d’où l’on vient, sous prétexte qu’elle veut en apprendre un peu plus sur nous. Elle est bizarre mon institutrice, parfois, elle me fait des remarques car je suis trop curieux, et elle, elle veut qu’on lui rédige notre vie… J’ai pas trop compris où elle voulait en venir en tout cas, et j’ai rédigé mon devoir du mieux que j’ai pu. J’ai cru comprendre que vous aussi vous vouliez savoir d’où je viens et qui je suis. Alors, je vais vous réciter mon devoir que je viens tout juste de terminer. Mais soyez indulgents, elle ne sera pas très longue, je ne suis encore qu’un enfant, après tout.

Pour commencer, je m’appelle August… Oui, je sais, c’est un prénom un peu étrange, mais ce n’est pas moi qui l’ai choisi. Pour toutes réclamations, adressez-vous à mon papa et seulement à lui, ma maman ne peut plus défendre ses arguments, elle est décédée des suites d’une tumeur cérébrale décelée il y a un an, en janvier précisément. On savait qu’elle était condamnée et dès lors, suite au diagnostic, papa a pris un congé sans solde pour veiller sur elle. En juin, elle nous a quittés, laissant un grand vide à la maison. Elle me manque beaucoup et c’est vraiment difficile sans elle. Depuis qu’elle est partie, je vis avec papa et mes deux sœurs, Amethys qui a onze ans, et Amaryllis qui a cinq ans. J’aime beaucoup m’occuper d’Amaryllis et jouer au grand frère protecteur avec elle. C’est ma petite sœur, je sais que je dois y faire attention et veiller sur elle, maman me l’a toujours dit. Du coup, quand je vois qu’elle est triste, je vais toujours la voir pour lui faire un câlin et essayer de l’aider à aller mieux. Je vois bien qu’elle a beaucoup de peine elle aussi que maman ne soit pas là. Alors, j’essaye qu’on se serre les coudes tous les deux. Avec ma grande sœur par contre, c’est plus compliqué. On se disputait de temps en temps quand maman était encore en vie, sans doute à cause de l’écart d’âge qui nous sépare, mais maintenant, c’est beaucoup plus régulier, j’aime bien aller l’embêter, même si ça fini souvent mal pour moi : elle a onze ans et ne se laisse pas faire. Mais moi non plus, et c’est vrai que c’est souvent moi qui commence le premier à l’ennuyer. Mais ça, je l’admets très rarement et je préfère rejeter la faute sur elle, même si ça me vaut d’être puni après. Vous l’aurez compris, c’est un peu chaotique pour le moment quand Amethys et moi sommes réunis sous le même toit. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours vécu dans le quartier de Brixton et je suis né à Londres. Et j’ai oublié de vous dire que je vais bientôt avoir sept ans. Le 31 juillet. Oui, comme mon sorcier préféré, mais je vais pas commencer à parler de lui, sinon ma rédaction va faire trois pages et c’est de moi que je dois parler.

J’ai toujours bien aimé l’école, papa et maman trouvaient important que je ramène de bonnes notes à la maison, et d’ailleurs, je fais très attention de bien travailler, même depuis que maman n’est plus là, car on m’a dit qu’elle nous surveillait de là-haut. Et puis, j’ai un tas d’amis avec qui jouer et dès lors, j’ai toujours hâte d’y aller, même si ce n’est pas toujours évident pour moi de me lever tôt : c’est un secret mais avant de dormir, je joue toujours un peu à la console quand papa et mes sœurs dorment. C’est pour ca que je suis fatigué le matin, mais je fais comme si de rien était. Parfois, je lis aussi avant de dormir et j’ai souvent du mal à m’arrêter. Je veux toujours lire un chapitre de plus… Et puis encore un... J’aime bien lire. Parfois, quand Amaryllis me demande une histoire, je ne me fais pas prier pour la lui raconter. On est très complices elle et moi. Parfois, j’aimerais arriver à aussi bien m’entendre avec Amethys qu’avec elle. Il y a des moments sympas d’ailleurs qu’on arrive à avoir tout les deux, mais à d’autres, ca part en cacahuètes, comme disait maman. J’espère qu’un jour, ca s’arrangera entre nous.

Je sais que maman n'aurait pas apprécié de voir la façon dont je me comporte depuis qu'elle n'est plus là. Mais ca me rends tellement triste qu'elle soit partie que je n'arrive pas à faire autrement. J'évite de montrer quand je ne vais pas bien à Amaryllis, et du coup, j'accumule beaucoup de frustration qui ressortent dans ma manière de me comporter. Je sais que chercher Amethys, que chercher les limites des adultes qui veillent sur moi ne m'apportera rien de bon et pourtant, je n'arrive pas à faire autrement. Tout comme je n'arrive pas à faire autrement que vouloir grandir plus vite en voulant faire tout tout seul... Du haut de mes six ans, j'estime que je suis trop grand pour être triste. Alors, je fais comme si tout allait bien, mais quelque part, je ressens beaucoup de colère au départ de maman... Et c'est souvent Amethys qui prends. Je m'en rends bien compte, mais je n'arrive pas à m'excuser. Peut-être qu'un jour, tout ira mieux. Maman disait toujours que tout fini toujours par s'arranger. Et maman, elle avait souvent raison. Sauf lorsqu'elle disait qu'elle serait toujours là pour nous. Là, elle se trompait complètement. Et quelque part, je pense que je lui en veut de nous avoir laissés, papa, Amethys, Amaryllis et moi. D'ailleurs, autant que je peux, j'évite de parler d'elle. Et quelque part, je pense que c'est mieux comme ça. J'ai pas envie d'embêter papa et de le rendre triste à parler d'elle. Alors, je dis rien. Et j'essaye de vivre ma vie de petit garçon du mieux que je peux... Même si, je vous l'accorde, c'est assez périlleux.

Bon, je crois que j’ai expliqué l’essentiel, ma vie n’est pas des plus extraordinaires, vous l’aurez compris. Elle ne fait d’ailleurs que commencer et comme tout le monde, j’ai mes hauts et mes bas. Et non, la vie n’épargne pas les enfants, j’en suis un parfait exemple. Est-ce que tout ira mieux un jour ? Est-ce que je deviendrais un jour le pompier que je rêverais de devenir ? Pour le moment, je ne sais pas encore, la suite de mon histoire est encore à écrire.